Le Pays des Carnavals

 

Photos©Catherine Krulik

 

On aurait tort de penser que le Carnaval est une manifestation sociale et culturelle unique. Les regards curieux se sont tournés depuis peu vers la culture brésilienne découvrant son immense richesse et sa diversité.

L’une de ses expressions de choix est celle du Carnaval, manifestation aux visages multiples, imprégnée de régionalismes et de représentations populaires, héritées de cultures et d’ethnies omniprésentes dans la formation de chacun.

Consacré comme le plus grand spectacle populaire de masse au Brésil et dans le monde, le Carnaval offre une variété d’interprétations, selon qu’il se déroule ici ou là. Ce rituel festif mobilise la majorité de la population, nécessite de moyens financiers conséquents pour être réalisé, et génère une véritable économie parallèle. Phénomène social et culturel, il présente un certain Brésil au monde, pays à la grande créativité, aux rencontres avec des personnalités singulières dans une atmosphère de confraternisation, de rêves et de fantaisies.

 

 

 

 

C’est grâce au Brésil que le Carnaval a pris toute sa dimension, faisant de la fête un événement majeur comparé  aux autres dates du calendrier religieux, en particulier lorsqu’elle précédait le début du carême dans le calendrier judéo-chrétien. Le Brésil des Carnavals a à sa disposition toute l’année une palette de fêtes, avec des manifestations folkloriques, de traditions indigènes et africaines qui dessinent les traits culturels des régions ou préparent à d’autres festivités plus officielles.

 

 

 

 

 

Nul doute que le Carnaval soit une des plus grandes fêtes populaires de la planète : une explosion de couleurs, de musiques, de rythmes, de danses et de jeux, qui se manifestent d’innombrables manières dans l’ensemble du Brésil. Selon les régions, ces rituels carnavalesques sont différents car ils mettent à jour les conflits et les symboliques des différentes couches de la population qui y prennent part.

Nés du carnaval portugais, les Carnavals de rue populaires sont à l’origine des manifestations subversives, c’est-à-dire que l’inversion des rôles, l’audace créative, la communion des corps et des sens, se révélent dans un mouvement collectif de célébration du bonheur et d’acclamations de la foule.

 

 

 

 

 

Comment la photographie pourrait-elle capter avec justesse la multiplicité des Carnavals, sa dimension individuelle et de masse ? S’il existe une richesse esthétique commune que l’on reconnaît à l’exubérance des couleurs, des formes et des textures, les carnavals ont chacun leur singularité et leur originalité. Cette mosaïque de fêtes, de folies et de rituels carnavalesques serait une fenêtre qui s’entrouvrirait sur les cultures brésiliennes, tout comme l´objectif du photographe qui enregistre, agrandit, fait ressortir et recrée ses propres personnages, ses scénarios, ses émotions et ses énergies. Si bien que le langage visuel du photographe décrypte, en les figeant, des moments et des visages-portraits, résultats d’une plasticité authentique et unique.

 

 

 

 

Le Carnaval « singulier et pluriel » est un réceptacle des identités, et doit être représenté de façon multiple, préférant une composition qui met en valeur la dialectique entre unité et pluralité, fragment et totalité. Photographier cette aquarelle païenne exige de vivre intensément la liberté qu’elle inspire.

 

 

 

 

Les images ici présentes, échantillon d’une exposition réalisée sous ce thème, ont amené l’auteur à parcourir le Brésil pendant plusieurs années, accompagnant les carnavals nationaux les plus remarquables et vivant dans chaque localité : Rio de  Janeiro, Recife et Olinda, Salvador, Sao Luís do Maranhão et l’intérieur de Pernambouc.

Le carnaval le plus connu du monde est bien sûr le carnaval de Rio de Janeiro. Créé par les populations marginalisées, il fut reconnu officiellement pendant les années trente, en amenant dans les rues pour la première fois des blocs, des « corso » et des « ranchos » avec des chants et des danses aux rythmes les plus populaires, et en divulguant un nouveau genre musical : « la samba ». Avec le temps, le carnaval s’est sophistiqué et professionnalisé, devenant un spectacle organisé et apprécié pour l’exactitude de ses rituels. Le carnaval de Rio est celui des écoles de samba, aux chars allégoriques qui content des histoires de liberté poétique, encrées dans les communautés d’origine. A partir des années soixante, sa scène de représentation est le Sambodrome connu aussi comme la passerelle de la samba où les écoles défilent, exhibant luxe, fantaisie et sensualité, composant un spectacle parfois comparé à un opéra populaire en plein air.

 

 

 

 

 

A la même époque, un autre carnaval se développe dans le Nord du Brésil, à Recife et Olinda. Là, le « frevo » rythme les chorégraphies des groupes qui envahissent les ruelles de l’ancien centre ville.

 

 

 

 

Pendant quelques jours, plus d’un million de personnes occupe la capitale. Le carnaval qu’ouvre le « Galo da Madrugada » (le Coq de l’aube), « le plus grand groupe carnavalesque du monde », se déroule avec la participation de centaines d’associations, parfois très anciennes, comme le «Bloco da Saudade » (le Groupe de la nostalgie), pour ne finir que le mardi des cendres par un défilé de poupées géantes et du fameux groupe « Bacalhau e Batatas » (Morue et pommes de terre). C’est là aussi qu’a lieu la rencontre entre les « Caboclinhos » et les « Maracatus », toutes deux manifestations culturelles, indigènes et africaines respectivement. Le carnaval du Pernambouc est considéré comme le plus démocratique du pays.

La ville de Salvador da Bahia, quant à elle, a le carnaval le plus long du Brésil. Il défile au rythme du trio-électrique, lui-même commandé par des ensembles de musique qui entraînent derrière eux les groupes au son de « axé » musique, batuques et timbales. On doit cette invention à un duo de musiciens, Dodô et Osmar, qui, en 1950, ont équipé un camion de leurs haut-parleurs, et ont parcouru les rues de la ville. Associé à une forte présence de la culture africaine, circulent aussi les « afoxés », une sorte de candomblé de rue, créés à la fin du XIXème siècle, avec les «Fils de Ghandi » et les groupes afros surgis vers 1970, comme « Olodum ». L’apothéose a lieu aux environs de la place Castro Alves, avec la rencontre de tous les trios, accompagnés de millions de personnes balançant les bras en l’air, suivant une chorégraphie qui se renouvelle chaque année.

 

 

 

 

A l’intérieur du Pernambouc, les fêtes de carnaval sont arrosées par le son, les danses, les couleurs et les personnages du « Maracatu de baque solto » ou en orchestre, style propre aux villes comme Carpina, Nazaré da Mata, Aliança, Tracunhaem et Iguaraçu. Toutes se trouvent dans la zone dite « da Mata » du Pernambouc, situées à moins de cent kilomètre de Recife. Dans cette région, dont la canne à sucre est la principale ressource, la fête se centre autour d’un personnage principal : le « Caboclo de Lança » richement habillé de vêtements à col brodé de pierreries, accompagné par le « surrão », une sorte de sac décoré de hochets qui produit un fort bruit primitif pendant que les paysans évoluent en faisant de grands sauts et des jongleries typiques.

 

 

 

 

Le rythme cadencé du maracatu est marqué par l’orchestre composé d’instruments à vent (clarinette, trompette ou trombone), ou encore « le sourd », la « cuíca », la « porca », le «mineiro» et le « gonguê », le tout accompagné par des chanteurs qui évoquent, en vers, d’anciennes chansons. A la différence du « Maracatu de baque virado » – maracatu urbain -, où la présence de rois et de reines évoque les fêtes liées aux rois mages, le maracatu de campagne est une fusion d’éléments de différents jeux populaires à la forte influence africaine.

A l’origine manifestation des esclaves travaillant dans les exploitations de canne à sucre, il demeure un moment de confrontation des imaginaires, mis en scène pendant les cortèges, symbolisant les batailles d’hier et d’aujourd’hui.

 

 

 

Photos©Catherine Krulik

 

 

 

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