Chico Buarque

Francisco Buarque de Hollanda, plus connu par Chico Buarque ou Chico Buarque de Hollanda, (Rio de Janeiro, 19 juin 1944) est un musicien, un dramaturge et un écrivain.

Il est connu pour être un des plus importants noms de la MPB (musique populaire du Brésil).

Sa discographie est d’environ 80 disques.

C’est aussi un intellectuel qui s’est engagé politiquement contre la dictature militaire qu’a connu le Brésil de 1964 à 1985.

Comme introduction à cet exposé, nous vous présentons une œuvre vous permettant de vous sensibiliser au haut niveau des paroles et de la musique. Il est le compositeur de « Construção », considérée comme une des meilleures musiques brésiliennes, mais aussi une des chansons les plus emblématiques de son versant critique. Le thème a pour cadre le témoignage des relations avilissantes entre le capital et le travail. L’auteur emploie d’osés procédés de construction poétique comme, par exemple l’alternance des proparoxytons finaux.

Musique : Construção

Plan de l’exposé :


 
Biographie

Contexte familial

Début de carrière

Festivals de MPB des années 60

Musiques de films

Théâtre, littérature et programmes télévisuels

Thèmes de ses chansons

Critique du régime militaire

Le « moi » féminin

Le métissage du peuple brésilien

Le quotidien

Le carnaval

Les interprètes el les partenaires de Chico Buarque

Biographie

Contexte familial

Chico Buarque de Hollanda est né en 1944 à Rio de Janeiro. Il est le fils de Sérgio Buarque de Holanda (1902-1982), un important historien et journaliste  et de Maria Amélia Cesário Alvim (1910–2010), peintre et pianiste.

En 1946, la famille part pour São Paulo car son père est nommé à la direction du musée Ipiranga.

Chico fut toujours attiré par la musique. La famille fréquentait le milieu des intellectuels.

Chico Buarque grandit dans cette ambiance culturelle et artistique et s’en imprégna.

Son père ayant été nommé à l’université de Rome, la famille vit en Italie de 1953 à 1954.

C’est en Italie, que Chico Buarque croise le  poète et parolier Vinícius de Moraes avec qui il collaborera à de nombreuses reprises ultérieurement.

C’est à cette époque qu’il compose ses premières marchinhas de carnaval (marches).

De retour à São Paulo en 1960, il poursuit ses études et commence à écrire des poèmes.

En 1961, il produit ses premières chroniques dans le journal du collège Santa Cruz.  Mais son apparition dans la presse ne sera pas pour son travail, mais dans les faits divers du journal Última Hora  car il avait volé une voiture avec un camarade, seulement pour s’amuser. Il sera arrêté.

En 1963, il entre à l’Université de São Paulo pour étudier l’architecture et l’urbanisme. Il abandonnera ses études en cinquième année, préférant poursuivre sa carrière musicale.

Il reste marié pendant 33 ans (de 1966 à 1999) avec l’actrice Marieta Severo, avec qui il eut trois filles.

Ses trois sœurs sont chanteuses, la plus connue étant  Miúcha.

 Contrairement à la croyance populaire,  Aurélio Buarque, auteur du fameux dictionnaire était seulement un cousin éloigné de son père.

Début de carrière

En 1962, Chico commença sa carrière d’écrivain lorsqu’il écrivit son premier conte à l’âge de 18 ans.

En 1965, il arrête ses études pour commencer une carrière artistique.

En 1966, il se révéla au public lorsqu’il présenta au Festival de Musique Populaire Brésilienne retransmis par la chaine de TV Record sa chanson A banda, interprétée par Nara Leão. Il gagna exæquo avec Disparada, de Geraldo Vandré et interprétée par Jair Rodrigues.

Pendant le vote, Chico sentant qu’il allait gagner et refusant la déroute de Disparada, alla voir le président de la commission en lui déclarant que dans ce cas, il remettrait le prix à son concurrent.

C’est à partir de cette finale qu’il fut unanimement reconnu au Brésil,  car cette chanson portait la marque d’une nouvelle musique surgie en 1958 : la Bossa Nova.

Musique : A banda interprétée par Nara Leão

Festivals de MPB dans les années 60

En 1967, le groupe MPB-4 interprète Roda Viva. C’est un succès. De nombreuses chansons de sa composition furent interprétées par ce même groupe. Roda Viva a été écrite pour une pièce de théâtre portant le même nom et écrite par Chico Buarque. Plus loin, dans cet exposé, nous évoquerons cette pièce.

Musique : Roda Viva

En 1968, il gagna de nouveau un autre concours : le 3ème Festival International de la Chanson de la chaine TV Globo avec Sabiá composée en partenariat avec Antônio Carlos Jobim.

Sabiá est le nom d’un oiseau. Selon certaines critiques, Chico écrivit les paroles sous l’influence de son père qui disait : « nous sommes des exilés dans notre propre terre », aphorisme traduisant une réalité contondante et douloureuse.

Musique : Sabiá

Musiques de films et adaptations de livres

Il composa des musiques qui connurent le succès pour les films : Quando o carnaval chegar, vai trabalhar vagabundo. Bye bye Brasil, Dona Flor et ses deux maris.

Ópera do malandro, est un film musical, il a été adapté à partir d’une de ses pièces de théâtre. C’est la peinture du voyou

Musique : a volta do malandro

En 2003, un de ses livres est adapté au cinéma : Benjamim.

En 2009, lancement du film Budapeste, avec un scénario basé sur son livre.

Théâtre, littérature et programmes télévisuels

Il écrivit plusieurs pièces de théâtre dont certaines furent interdites (roda viva, Calabar) et quelques livres : Estorvo (embarras), Benjamim, Budapeste,et Leite derramado.

Il fut interdit d’antenne à la TV Globo pendant plusieurs années.

A la fin de la censure, il accepta de faire un programme avec Caetano Veloso où de nombreux artistes participèrent.

Des « telenovelas »  (feuilletons télévisuels) contiennent ses musiques

Thème des chansons

Critique du régime militaire

A 24 ans, en 1968, il participe à la « Passeata dos cem mil » (manifestation des cent mille), manifestation d’étudiants, artistes et intellectuels contre la dictature militaire.

 Il doit aussi affronter la censure du pouvoir dictatorial suite à sa pièce de théâtre musicale Roda Viva. La pièce, créée en 1967, devient un symbole de la résistance à la dictature lors de la seconde série de représentations.

En juillet 1968, un groupe du commando de « Chasse aux communistes » envahit le théâtre Galpão à São Paulo, attaquant les artistes et détruisant la scène. Le jour suivant, Chico Buarque se rendit sur place pour soutenir le groupe et lança un mouvement organisé en défense de Roda Viva et contre la censure brésilienne.

Roda Viva raconte l’histoire d’une jeune star, interprété par Chico, qui est littéralement dévorée par son public. Au cours de la représentation, les acteurs offraient des morceaux du  » foie  » de la star au spectateurs. Les conservateurs furent indignés et Chico se débarrassa une fois pour toutes de son encombrante image de  » gentil garçon « . Au point d’éveiller les soupçons du régime militaire au pouvoir qui le contraignit à une période d’exil en Italie.

Fuite en Italie

Décembre 1968, son militantisme et son engagement contre le régime militaire en place à l’époque le conduisent en prison.

En 1969, il s’exile en Italie. Dans sa chanson Samba de Orly (Musique : Antônio Carlos Jobim, Toquinho), il évoque sa nostalgie du Brésil sous forme d’une lettre envoyée à un ami.

Musique : Samba de Orly

Retour au Brésil

En 1970, Chico est le premier musicien exilé à retourner au Brésil. Il est laissé en liberté, mais les censeurs n’arrêteront pas de le harceler pendant toute la décennie. Pour pouvoir créer, il doit sans cesse déjouer la censure. Il écrit des paroles allusives telles que Apesar de você  (Malgré toi).

Cette année-là, le gouvernement était assuré par le Général Garrastazu Médici avec une grande violence policière. Chico avait soumis sa chanson à la censure en pensant à un refus. Or, elle passa à travers car celle-ci l’avait interprétée comme un discours lyrico-amoureux. Bientôt, elle fut enregistrée en une centaine de milliers d’exemplaires et passa sur les radios. Elle devint un hymne contre la répression. Un mois après le lancement, la samba fut interdite et retirée de la vente. Le gouvernement a compris que « malgré toi » se référait au Général Médici.

Musique : Apesar de você

En 1973, sa pièce de théâtre musicale Calabar ou o elogio da traição (écrite en collaboration avec Ruy Guerra) est censurée. Il en va de même pour l’album Chico canta Calabar.

Sa chanson Cálice, créée la même année avec Gilberto Gil, qui dénonce, à travers un jeu de mots, le rôle de l’Eglise dans la dictature militaire (cálice se traduit par calice, mais cale-se veut dire « tais-toi »), est aussi censurée.

Musique : cálice

Pour déjouer la censure, il crée et compose certaines de ses chansons, par exemple Acorda amor, sous le pseudonyme de Julinho da Adelaide.

Au moment où les censeurs s’acharnent à interdire toute composition portant sa signature, il enregistre le disque  » Sinal fechado  » (Feu rouge) avec des chansons d’autres compositeurs : Paulinho da Viola, Caetano Veloso, Gilberto Gil et d’un certain Julinho da Adelaide, en vérité un pseudonyme de Chico.

L’artifice ne tarda pas à être découvert par le régime militaire, qui exigea désormais que chaque composition envoyée aux censeurs soit accompagnée d’une copie de la carte d’identité de son auteur.

Il critique le régime militaire par une chanson en forme de lettre en hommage à l’exilé politique Augusto Boal : meu caro amigo composé avec Francis Hime.

Musique : meu caro amigo

Il continue à mener une activité politique militante.

En 1978, il se rend à Cuba.

La même année, il participe à une tournée, avec 64 autres artistes brésiliens en Angola. Il compose fado tropical.

Dans les années 1980, le Brésil entreprit un processus d’ouverture politique et la censure devint plus clémente envers Chico Buarque.

En 1983-1984, il soutient activement le mouvement  Diretas Já qui revendique des élections démocratiques.

C’est à cette occasion qu’il compose sa chanson Vai passar. C’est un récit critique de l’histoire du Brésil, depuis sa découverte en 1.500 et jusqu’à la période de la dictature militaire.

Musique : vai passar

En 1985, les militaires quittent définitivement le pouvoir et Chico peut donner libre cours à son immense talent.

Le « moi » féminin

Ce sont des compositions qui se caractérisent par une référence à un « moi lyrique » féminin, avec des thèmes exprimant le point de vue de la femme : ses sentiments, ses désirs, la victime de la relation.

En 1966, à la demande de Nara Leão, il compose Com açúcar, com afeto. Cette chanson marqua l’histoire de la musique populaire brésilienne, car elle fut la première à énoncer ce thème du moi féminin qui deviendra la marque récurrente  de Chico Buarque.

 Musique : Com açúcar, com afeto  interprété par Nara Leão

En 1972, il  compose avec Francis Hime, une des plus intéressante créations sur ce thème : atrás da porta (derrière la porte). C’est une histoire où la femme est victime de la relation.

Musique : atrás da porta interprétée par Élis Regina

En  1977 – 1978 : Folhetim (feuilleton). La femme joue le rôle de l’homme,  il est l’objet entre les mains d’une femme, il n’est qu’une aventure, cette femme est l’opposé de celle de Com açúcar, com afeto. C’est une critique des valeurs morales d’une société patriarcale.

Musique :  folhetim interprétée par Gal Costa

Quelques compositions : anos dourados (en collaboration avec Antônio Carlos Jobim), O meu amor de la pièce Ópera do malandro

Le peuple brésilien

Le métissage est exprimé dans plusieurs chansons dont  Paratodos (1993). 

C’est l’histoire d’un musicien.  Chico parait conter sa propre histoire en rendant en même temps hommage à divers célèbres musiciens brésiliens.

Musique : paratodos

Le quotidien

Il fait le portrait des petites gens, comme dans sa chanson gente hulmide composé avec Vinícius de Moraes.

Subúrbio est une description des quartiers populaire de Rio de Janeiro

Musique : subúrbio

Le carnaval

En 1998, l’école de samba de Rio de Janeiro, Mangueira, gagne le défilé du carnaval carioca avec comme thème, un hommage à Chico Buarque.

Ses sambas Estação derradeira, capital do samba, chão de esmeralda parlent de Rio comme représentente de la plus grande expression populaire : la carnaval.

Musique : capital do samba, chão de esmeraldas

Les interprètes el les partenaires de Chico Buarque

Chico Buarque est très actif dans le domaine de la chanson. Il a collaboré avec des artistes comme Caetano Veloso, Antonio Carlos Jobim, Vinícius de Moraes, Edu Lobo, Milton Nascimento, Maria Bethânia, Toquinho, Francis Hime, Ruy Guerra, Nara Leão,Jonnhy Alf, Miúcha, Elza Soares, Mestre Marçal, Ana Belén, Zeca Pagodinho, Sérgio Endrigo, Nana Caymmi, Pablo Milanés, João do Vale, Elba Ramalho.

Ses partenaires  principaux sont : Francis Hime et Edu Lobo

Les autre étant : Antônio Carlos Jobim, Vinícius de Moraes, Toquinho, Milton Nascimento et Caetano Veloso.

Conclusion

Voici une des plus belles compositions de Chico Buarque, composée en 1993 : Futuros amantes.

Chico projette la ville de Rio de Janeiro comme l’Atlantide du continent perdu, en y mélangeant un thème amoureux.

Musique : futuros amantes