Introduction

Le frevo est une des musiques de Recife et Olinda, villes de l’Etat du Pernambouc, situées dans le Nordeste du Brésil.

Musique : Voltei Recife (Capiba) interprète : Alceu Valença

Mestre Capiba (1904 1997)
Lourenço da Fonseca Barbosa, dit Capiba, né à Surubim en 1904, fils d’un mestre de fanfare, Severino Atanásio de Souza Barbosa, vécut et respira la musique depuis son enfance. Ses frevos-canção devinrent plus connus grâce aux lancements de CD’s et de réenregistrements avec différents interprètes.

1) Historique

Fanfares et Capoeira

Le carnaval de Recife possède une musique et une danse carnavalesque propre, née du peuple.

D’origine urbaine, il surgit des rues de Recife entre la fin du 19ème et du début du 20ème siècle.

Le frevo naquit des marchas, maxixes et dobrados (marches militaires).

Les fanfares militaires de la fin du 19ème siècle auraient donné leur contribution dans la formation du frevo, comme les quadrilles d’origine européenne.

Cette musique s’appuya donc depuis le début des fanfares constituées par des instruments de métal, par la vieille tradition de fanfare du peuple pernamboucain.

Le passo et le frevo sont une espèce de mystère dans la culture populaire brésilienne.

Mystère, parce que les conditions par lesquelles ils surgirent étaient les mêmes par exemple de ce qu’elles existaient à Rio de Janeiro à la même époque (seconde moitié du 19ème et première moitié du 20ème siècle).

Dans les deux villes, des bandes de capoeiras avaient aussi leurs fanfares de prédilection et les suivaient, exhibant leur habilité, et souvent entrant en conflits avec d’autres bandes lorsqu’elles se rencontraient au croisement des rues.

Musique : Não ha mais vale (José Gonçalves ‘Zumba’)

Orchestre Diabos do Céu 10/12/1936

Zumba (1889 – 1974) était un compositeur de frevo. Il était aussi instrumentaliste (piano, mandoline, clarinette, saxophone etc.)

Il existait donc des fanfares de musiques dans les bataillons casernés dans la capitale du Pernambouc. L’une d’elles par exemple surnommée le 4^ème, car c’était celle du 4^ème bataillon d’artillerie.

Les capoeiras, adoptaient une fanfare comme celle de leur préférence et considéraient comme adversaire ceux qui ne partageaient pas leur choix.

Il y avait des bagarres avec des couteaux, des poignards entre les bandes rivales.

Ils furent interdits de défilé en 1856. A la même époque, les capoeiras étaient aussi cible de l’interdiction à Rio de Janeiro.

La différence est que les ordres furent obéis à Rio, car Rio adopta le carnaval européen.

Les clubs se fondèrent sous inspiration clandestine :

Vassourinhas naquit en 1889, Lenhadores en 1897.

Les pas des danseurs, et en cela, tous les historiens concordent, vinrent de la capoeira, la lutte se transforma, avec le temps en une chorégraphie unique.

Musique : Vassourinhas (Matias da Rocha – Joana Batista Ramos thème et improvisation) interprète Maestro Duda

Duda : José Ursicino da Silva, né en 1935.

Adolescent, il commença à jouer dans la légendaire Sociedade 12 de Outubro, la Banda Saboeira.

Comme maestro, compositeur, arrangeur, il joua dans les festivals de  jazz, aux USA et en Europe.

Il est considéré comme l’un des plus importants arrangeurs vivant. Son œuvre est vaste, surtout dans les frevos-de-rua, avec des classiques comme Nino, o Pernambuquinho.

2) Origine du mot Frevo

Le mot FREVO vient du verbe FERVER (bouillir), par déformation il devint FREVER, donnant origine au mot FREVO.

Ce mot se mit à désigner : effervescence, agitation

C’est le journal du matin de Recife JORNAL PEQUENO, qui diffusa ce que la bouche anonyme du peuple déjà utilisait, dans son édition du 12 février 1808, en faisant pour la première fois référence au mot FREVO.

Processus de création du frevo :

Le dobrado (marche militaire) interprété par les musiciens soldats des casernes de Recife, troquant l’uniforme pour le déguisement à l’époque du carnaval, accompagna  la transformation des mouvements des capoeiras, accélérant la marche, introduisant des syncopes.

Ou ce sont les capoeiras qui se sont adaptés à la nouvelle musique qui surgissait ?

Pour le musicologue Valdemar de Oliveira, dans son anthologie Frevo, Capoeira e Passo, pense que danse et musique naquirent ensemble dans une symbiose.

Ce qui est certain c’est qu’en 1905, le frevo de rue avait déjà la forme que nous lui connaissons de nos jours.

C’est une musique uniquement du Pernambouco, avec des personnalités liées à leur terre natale, et qui ne se transplante pas.

3) La diffusion du Frevo

Au début, les frevos étaient enregistrés à Rio de Janeiro.

Grâce à la Maison de Disques Rozenblit, à partir de 1955, l’on enregistra les frevos dans ses studios à Recife.

José Rozenblit, son président, monopolisa le marché en exigeant l’exclusivité des chanteurs et des compositeurs.

Il exporta le frevo vers les états du Nord et du Nordeste, par contre, ce fut difficile pour les autres régions.

C’est seulement en 1958, qu’un frevo eut un succès national : Evocação, de Nelson Ferreira, unique frevo à être en compétition avec une samba dans un carnaval carioca.

Musique : Evocação n° 1 (Nelson Ferreira) interprète : António Nóbrega

Nelson Ferreira
Nelson Heráclito Alves Ferreira (1902 – 1976)

Nelson Ferreira fut un des plus importants et prolifiques compositeurs de l’histoire de la MPB.

Sa vaste œuvre commence dans les années 20. Sa première composition “borboleta não é ave”, fut lancée par la maison de disques Odeon en  1924.

Ses frevos-canção sont nombreux. A noter sa série d’évocations. La première d’elles Evocação n°1, fut un succès national au carnaval carioca.

 

Antonio Nóbrega

Chanteur, danseur, compositeur, comédien, violoniste, guitariste.

Naturel de Recife (1952), il étudia le violon classique et le chant lyrique.

A partir de 1976, il commence à concevoir ses propres spectacles, mélangeant danse, arts scéniques et musique.

Chercheur en danse et musique brésilienne, il s’installa à São Paulo.

Son travail commença à avoir des répercutions au Brésil à partir des années 90, avec ses spectacles « Figural », « Brincante » et « Segundas Histórias », il invente un personnage : Tonheta, mélange de clown et de vagabond, qui captive le public.

 

Difficultés de la diffusion du frevo

Les disques de carnaval sortaient en septembre, ce qui permettait une bonne diffusion jusqu’au mois de février.

Malheureusement, depuis bien des années, les chaines de radio ne diffusent les frevos qu’à partir de début janvier.
Le frevo n’est pas d’accès facile pour les musiciens. Il exige des connaissances formelles d’orchestration, d’arrangement et les partitions sont pratiquement inexistantes sur le marché.

La Fundarpe

C’est une fondation destinée à résoudre cette difficulté. Elle a profité de la commémoration des 100 ans de frevo en 2004 pour éditer un livre dédiés à deux des meilleurs compositeurs : Capiba e Edgard Moraes 100 anos de frevo.

Cette œuvre volumineuse contient des arrangements pour tous les instruments d’un orchestre de frevo, les principales œuvres de ces deux compositeurs signés par José Menezes, Duda, et Spok.

La Fundarpe a créé un site internet beaucoup plus complet.

4) Les formes musicales du Frevo

Le frevo est une création de compositeurs de musique légère, faite pour le carnaval.

Les musiciens pensaient donner au peuple plus d’animation pendant le carnaval.

Et le public, voulait une musique animée, qui laisse de l’espace pour exprimer l’allégresse.

Avec le temps, la musique gagna des caractéristiques propres, accompagnée d’une chorégraphie inconfondible.

La décade des années 30 sert de base pour la division du Frevo en :

Frevo-de-Rua, Frevo-Canção, Frevo-de-Bloco.

Le frevo-de-rua (le frevo de rue)

Le Frevo-de-rua se différencie des autres Frevos par le fait d’être instrumental et uniquement dansé.

Il se termine toujours temporairement par un long accord parfait.

Il se divise en 3 classes :

Le Frevo coqueiro (coquotier) :

Fait ressortir les notes hautes, aiguës, d’où son nom. Les instruments métalliques sont dominants : trompètes et trombones :

Musique : Relembrando o Norte (Severino Araújo) Mestre Duda

Le Frevo ventania (coup de vent)

Le vent souffle sur les paillettes de l’orchestre : le saxophone provoque un coup de vent.

Musique : Mexe com tudo (Levino Ferreira) Spok frevo orchestra soliste Armandinho

Levino Ferreira da Silva (1890 – 1970) commença à étudier la musique très jeune, et composait déjà à l’âge de 10 ans.

Dans tout son apprentissage, il ne reçu que 80 leçons de musique, apprenant seul ensuite.

Son instrument était le saxo baryton.

Il vécut et mourut pauvre, ayant comme unique richesse ses créations

Spok

Inaldo Cavalcante de Albuquerque un des meilleurs saxophonistes et compositeurs du Pernambouc. Son grand orchestre (fondé en 1986), composé de 18 musiciens est considéré comme le plus important groupe de Frevo de Recife. Il a joué dans différents pays, faisant connaitre le Frevo à travers le monde.

 

Le Frevo abafo (étouffeur)

Rencontre entre 2 orchestres de Frevo dans les rue d’Olinda :

jouer le plus fort possible, le fait de bien jouer devient secondaire

Musique : Cabelo de fogo (José Nunes) Orchestra primeiro de Novembro

Le Frevo-canção (frevo chanson)

A la fin du 19^ème siècle, surgirent de jolie mélodie comme la Marcha n°1 do Vassorinhas, actuellement convertit en Hymne du carnaval de Recife.

Le Frevo-canção possède différents aspects similaires à la Marchinha carioca.

L’un d’eux est qu’ils ont tous les deux une partie préliminaire orchestrale et une autre chantée.

Quelques Frevos-canção célèbres :

Na mulher não se bate nem com uma flor de Capiba

Hino de Pitombeira de Alex Caldas

Hino de elefante de Clídio Nigro

Musique : Hino do Elefante de Olinda (Clídio Nigro) Orchestra primeiro de Novembro

Le Frevo-de-bloco

A l’origine, c’était des sérénades préparées par des groupes de jeunes gens, qui participaient aux carnavals de rues de l’époque, possiblement au début du 20^ème siècle.

Son orchestre appelé Pau e Corda est composé de guitares, banjos, cavaquinhos.

A partir des années 70, l’on observe l’introduction de la clarinette, suivie d’une partie chantée par une chorale de femmes.

Musique : Valores do passado (Edgar Moraes)

L’ombrelle (A sombrinha)

Autre élément complémentaire de la danse, le danseur, appelé passista, l’utilise comme élément complémentaire de la danse, c’est le symbole du frevo et une aide pour ses acrobaties.

A son origine, l’ombrelle n’était qu’un vulgaire parapluie, que les capoeiras tenaient à la main comme arme de défense et d’attaque.

Les habits

Généralement, ce sont des habits d’utilisation quotidienne, mais avec une chemise plus courte, attachée au niveau de la ceinture.

Le pantalon est aussi de fin coton, collé au corps, de longueur variable, allant du dessous des genoux au haut des chevilles.

Le vêtement féminin se différencie par un short sommaire ou une mini-jupe.

Les Pas du frevo

Les pas naquirent de l’improvisation individuelle des danseurs, avec le temps, certains types de pas naquirent.

Il existe actuellement une multitude de pas, mais les pas élémentaires de base sont les suivants : dobradiça, tesoura, locomotiva, ferrolho, parafuso, pontilhado, ponta de pé et calcanhar, saci-pererê, abanando, caindo-nas-molas et pernada, ce dernier clairement identifiable à la capoeira.

Musique : Hino do Galo inteprète Alceu Valença