Le Brésil à Cannes

 

Depuis quelques années, le Brésil à Cannes, c’est presque exclusivement Walter Salles avec trois films : « Une famille brésilienne » (pt. Linha de Passe) en 2009, « Carnets de voyage » (pt. Diários de Motocicleta) en 2010 et « Sur la route » en 2012.

 

 

 

 

Si le premier film racontant la vie difficile d’une mère célibataire à São Paulo (l’actrice Sandra Corveloni obtiendra le Prix d’interprétation féminine pour le rôle) est authentiquement brésilien, les deux autres sont des adaptations littéraires hollywoodiennes décevantes (Le journal du « Che », le classique de Kerouac…).

 

 

Par contre, l’admirable road movie de Salles « Central do Brasil » va rater Cannes au profit de Berlin, où il obtiendra en 1998 l’Ours d’Or.

 

 

 

 

Sinon, le Brésil à Cannes, c’est une seule et unique Palme d’Or, controversée de surcroît : « La Parole donnée » (pt. « O Pagador de Promessas ») d’Anselmo Duarte, en 1962.

 

 

 

 

 

Un film qui raconte les mésaventures de Zé, un paysan du Nordeste qui devient le héros manipulé d’une réforme agraire.

 

En fait, « La Parole donnée » est une ouvre de transition entre l’ancien cinéma brésilien (représenté par exemple par « O Cangaceiro » de Lima Barreto, qui a obtenu en 1953 à Cannes l’incongru « Prix du meilleur film d’aventures ») et le nouveau. La génération du Cinema NOVO, qui n’a que peu apprécié l’œuvre de Duarte, aura sa revanche en 1964.

Cette année-là, trois films vont faire connaître à Cannes, c’est-à-dire au monde entier, l’extraordinaire vitalité du premier mouvement cinématographique de ce qu’on appelait encore le Tiers Monde : « Sécheresse » (« Vidas Secas »), de Nelson Pereira dos Santos, « Le Dieu noir et le diable blond » (« Deus e o Diabo na Terra do Sol »), de Glauber Rocha et « Ganga Zumba », de Carlos Diegues (la Semaine de la Critique).

 

 

Au-delà de la Palme d’Or de Duarte, le Brésil a remporté d’autres trophées à Cannes, comme le Grand Prix de la Mise en Scène en 1969 avec « António das Mortes » de Glauber Rocha, le Prix d’interprétation de l’américain William Hurt (« Le Baiser de la femme araignée », pt. « O Beijo da Mulher Aranha », d’Hector Babenco) et des brésiliennes Fernanda Torres en 1986 (« Je sais que je vais t’aimer », pt. « Eu sei que vou te amar », d’Arnaldo Jabor) et Sandra Corveloni en 2009, déjà citée.

 

Notons, pour être tout à fait complet, que le FIF a rendu hommage au pionnier du cinéma brésilien Humberto Mauro en 1982.

 

Pourtant, dans la mémoire collective, le Brésil à Cannes, c’est peut-être, avant tout, un film… français, ou plus exactement franco-italo-brésilien, Palme d’Or en 1959, « Orfeu Negro », de Marcel Camus. Le mythe d’Orphée et d’Eurydice revisité et transposé à Rio de Janeiro pendant le Carnaval.

Ce film n’obtient pas l’estime unanime des cariocas, gênés par une vision un peu idéalisée de leur ville. Par contre, en Europe, ce fut un triomphe et, pour beaucoup, la découverte du Brésil et de sa musique. En effet, qui n’a pas eu les larmes aux yeux en écoutant « A Felicidade » ou « Manhã de Carnaval » n’a plus qu’à aller faire pénitence au pied du Corcovado ! et à genoux encore !

 

 

La Femme silencieuse