Le RAS LE BOL du PEUPLE brésilien : OUI, MAIS…

 

 

Il y a un moment où la population se fatigue des promesses faites par certains politiciens, de droite comme de gauche, dans le seul but d’être élus…

Il y a un moment où la corruption chez certains dirigeants dégoûte les plus tolérants des citoyens…

Il y a un moment où l’écart entre les privilèges des gouvernants et les devoirs des travailleurs des classes basses et moyennes devient scandaleux…

 

 

Le Brésil s’est au long des siècles construit une image de pays doux et cordial.

Son Histoire, bien moins violente que celle de l’Amérique hispanique, a permis à ce pays continent de ne pas se fragmenter, malgré son hétérogénéité géographique.

Sa volonté d’unité au-delà des différences se transmet admirablement de manière citoyenne depuis des générations. Le Brésil est fondamentalement un pays ancré dans le pacifisme.

 

 

« PERPLEXITÉ » est donc le mot qui semble définir le mieux l’état d’esprit des observateurs de ces dernières « journées de juin » brésiliennes.

Entre les journalistes qui n’arrivent pas à cerner le « fond » du problème, les critiques politico-sociaux qui y voient des stratégies de manipulation du camp adverse au pouvoir en place, l’observateur étranger lambda qui s’étonne d’une telle mouvance dans un pays en pleine expansion économique, qui de plus est à l’honneur en 2014 et en 2016 sur la scène internationale… il est vrai que peu nombreux semblent être les éléments qui conduisent à une analyse éclairée.

Et à force d’entendre dire « … ce n’est pas seulement les 20 centimes, ce n’est pas seulement les transports, ce n’est pas seulement la Coupe du Monde… »… la question s’impose : « Mais c’est quoi alors ? »

 

 

 (Auteur: Isabela Rodrigues)

 

 

« L’horizon sourit au loin et montre les dents de près », dit le poète.

Le mouvement social qui se développe au Brésil ces dernières semaines est suivi par 75% de la population et se revendique comme a-politique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce site culturel et l’Association a-politique Brasil Azur en font l’écho.

 

 

 Auteur: Isabela Rodrigues

 

 

Il en résulte que les réflexions ici proposées n’auront nullement la prétention de constituer de fines analyses stratégiques de cette situation multiparamétrique.

Nous nous arrêterons à certains constats, en faisant appel, pour une meilleure compréhension des événements actuels, à quelques raccourcis de l’Histoire…

 

 

Depuis maintenant une dizaine de jours, l’indignation pacifiste des manifestants brésiliens est telle qu’elle peut remettre en cause le Saint des Saints, le Mondial 2014… et d’abord la visite du Pape dans ce pays profondément catholique. Les foules envahissant les rues du Brésil ne sont donc pas « des vandales demandant la lune »… Peut-être leur est-il simplement difficile d’admettre que des dépenses pharaoniques menées par leurs dirigeants restent incompatibles avec une meilleure qualité des transports, de l’école publique, de la santé… ou soient indifférentes aux rues pleines de trous qu’aucun service public ne bouche, aux poubelles à ciel ouvert qui ne dérangent pas le moindre élu. Peut-être leur est-il difficile d’accepter que la roue tourne mais que la corruption demeure… Ou que les politiciens et les parlementaires de tout bord politique sachent avant tout s’accorder des retraites exorbitantes après une courte durée de mandat, ou s’autoriser des cumuls de fonctions qui leur garantissent des revenus démesurés, avant de penser à alléger les frais en perpétuelle augmentation de ceux qui paient sans cesse. Cette déconnexion de la plupart des politiciens par rapport à la réalité quotidienne finit par devenir insupportable !

 

 

 

 I.R.

 

Le Géant s’est réveillé, entendons-nous dire en ce moment ! Et quelques observateurs étrangers craignent certainement que les vibrations de son corps secouent d’autres peuplades… Car, dans les régimes dits démocratiques de notre société occidentale, les « différences » par rapport au Géant, règle de trois à l’appui, ne semblent pas de taille…

 

 

Si le Brésil est avant tout le pays du présent, un rapide survol dans le passé nous permettra de rappeler que d’autres révoltes ont cependant parsemé son chemin, depuis qu’il a acquis son indépendance en 1822 :

 

 

La « révolution » de juillet 1922 : le fort de Copacabana s’insurge dans la capitale fédérale, sous l’impulsion de quelques lieutenants (tenentes) révolutionnaires, appelés à l’époque « les jeunes Turcs »… Le tenentisme précède la « colonne Prestes » deux ans plus tard. Le but de ces révoltes était de provoquer un mouvement social dans tout le pays et de renverser la Première République, jugée corrompue. Des couches entières de la population (dont les tenentes) étaient effectivement tenues à l’écart des enjeux politiques en raison du système oligarchique en vigueur. Sans programme cohérent, le tenentisme n’a abouti à aucune réforme profonde.

 

 

La « Révolution de 1930 » met fin à le Première République. Getúlio Vargas, porté par les tenentes, préside le gouvernement provisoire, qui va durer jusqu’en 1934. L’hostilité au libéralisme est accentuée. Les lieutenants sont envoyés dans certains États afin de remplacer les gouverneurs et démanteler le système oligarchique. De nouvelles organisations, de type fasciste et totalitaire, réussissent à entraîner les masses. Celles qui y sont hostiles sont dissoutes. En 1937, Getúlio Vargas, l’ « ami des travailleurs », annonce le « plan Cohen » et instaure l’État Nouveau (régime dictatorial aux relents antisémites).

 

 

Entre 1930 et 1964, année où est instaurée la dictature militaire, le Brésil passe par quatre régimes différents et connaît une très grande instabilité politique. Entre 1930 et les années cinquante, il devient néanmoins une grande puissance industrielle. De 1955 à 1961 en particulier, Juscelino Kubitschek tente de faire progresser le Brésil, selon ses propres termes, de « cinquante ans en cinq ans ». Il atteint la plupart des objectifs visés dans son programme. La classe moyenne se développe et s’enrichit.

 

 

Si, depuis l’indépendance du pays en 1822, l’armée reste un acteur majeur de toutes les crises politiques brésiliennes, elle s’efface, jusqu’en 1964, devant le pouvoir civil. Cela va changer pendant les 21 ans qui suivent cette date. Ce sont les « années de plomb » de la dictature militaire, qui incluent toutefois celles du « miracle économique ». Plus le régime est répressif, plus il mène une politique économique conduisant à des résultats spectaculaires, dans le but d’obtenir l’adhésion de la population. Ce miracle a cependant accentué les écarts entre les régions industrialisées du Sud-Est et les régions pauvres du Nord et du Nord-Est.

 

 

La transition démocratique vers la « Nouvelle République » se fait à partir de 1985, avec José Sarney (un ancien du régime militaire qui a su retourner sa veste). Progressivement, le Brésil va énormément changer. Malgré les graves crises économiques qu’il doit dépasser, il réussit à devenir l’une des grandes puissances du XXIe siècle et figure parmi les dix premières économies mondiales. Il est la troisième plus grande démocratie du monde, après les États-Unis et l’Inde.

 

 

Signalons, dans ce contexte, un type d’élite politique qui a traversé le Brésil du XXe siècle et qui reste influente, encore de nos jours. Fernando Collor, élu président de la République en 1990, en fait partie. Il s’agit de clans familiaux qui, de génération en génération, exercent un contrôle sur les États fédéraux les moins riches, en particulier ceux du Nord et du Nord-Est. En échange de subventions, ou de nominations à des charges publiques qui permettent d’élargir leur « clientèle », ils sont capables de soutenir n’importe quel président, issu de n’importe quel bord politique. C’est ce qui s’appelle, au Brésil, le « physiologisme ».

Ces chefs régionaux ont su énormément investir dans la communication, allant jusqu’au point d’acheter des chaînes de télévision, des radios et des journaux. Ils sont souvent entourés par des spécialistes en marketing. C’est dire à quel point ils sont puissants.

La corruption, les détournements de fonds, ont marqué la présidence de Collor. Après sa chute, « faute de preuves », il est absout par le Tribunal suprême fédéral.

 

 

Des hommes de gauche, comme Fernando Henrique Cardoso (responsable du plan Real de 1994) et, plus tard, Lula, deviennent présidents en faisant de la volonté d’assainissement du pouvoir un thème majeur de leurs campagnes.

Malgré l’aura internationale de ce dernier et le succès populaire incontestable de son action, tout cela a été gommé, pour une partie de la population, par les scandales de corruption liés aussi bien au financement de sa campagne qu’à la mise en place, par le secrétaire-général de son gouvernement, d’un système de rémunération occulte des parlementaires de la majorité afin qu’ils votent selon ses instructions. D’autres scandales ont éclaté pendant son deuxième mandat. Pendant ce temps, les classes moyennes, sans accès à une éducation et à des services de santé de qualité, ont dû continuer à avoir recours à un secteur privé très onéreux. Le « physiologisme à la Collor » a par ailleurs gardé une santé de fer sous le gouvernement de Lula.

Il semblerait que cette situation n’ait pas beaucoup changé sous la présidence de Dilma Rousseff. Les gouvernements des États et le gouvernement fédéral ont pour l’instant échoué à mettre en place des mesures capables de limiter la recrudescence de la violence, liée en particulier au trafic de drogue, et responsable de la mort de milliers de personnes par an. Cela exigerait sans doute la fin de l’impunité des notables et de leurs hommes de main, la condamnation effective des criminels et la création d’un vrai état de droit, duquel la corruption ne fasse plus partie.

 

 

Après ce condensé rapide d’un pan de l’Histoire du Brésil, quelqu’un d’entre nous pourrait-il mettre en cause la légitimité de la révolte récente de nos amis brésiliens ?

Je ne pense pas….

 

 

 

I.R.

 

 

MAIS

 MAIS

MAIS

 

 

 

 

–         Dans toute manifestation qui s’installe dans la durée, il y a un moment où la passion quitte le cadre des revendications légitimes… pour continuer à nourrir toute seule la « cohésion » des foules qui manifestent…

–         Ce moment où l’affect prend entièrement le pas sur la réflexion « à froid » marque l’instant de rupture, tant attendu par les leaders extrémistes, de droite comme de gauche : c’est là qu’un Plínio Salgado, où son équivalent en rouge, peut incarner le Sauveur… et qu’une dictature peut insidieusement s’emparer à nouveau du pouvoir…

–         Le web, assurant la diffusion instantanée des événements, peut être utilisé au profit de la solidarité nationale et internationale. Mais la toile sert également les intérêts des manipulateurs, propriétaires eux-mêmes de fragments importants des médias, et plus fins stratèges qu’une masse collective de manifestants après le dit « instant de rupture »…

–         La démocratie brésilienne est jeune, donc fragile. Le monde change vite et le Brésil, malgré les problèmes signalés, cherche à s’y adapter. Brasilia, qui n’était que savanes il y a un demi-siècle, a réussi à s’imposer au niveau international. Avec l’ensemble des pays du BRICS, le Brésil joue un rôle qui deviendra de plus en plus décisif dans la restructuration des grands organismes internationaux. Il apparaît comme l’un des pays qui a le mieux géré son économie lors de la crise de 2008. Avec une position de leader sur le continent latino-américain, le Brésil est aussi un pays écouté sur la scène mondiale. La Coupe du Monde de 2014 et les JO de 2016 sont la marque de confiance de la communauté internationale envers un pays qui semble cumuler toutes les légitimités. Mettre en danger ces événements par des manifestations qui, après l’ « instant de rupture », seront forcément récupérées par des intérêts politiques ou commerciaux non avoués et non avouables… c’est risquer l’avenir d’un pays dont l’heure de la maturité n’a pas encore sonné…

 

 

 I.R.

 

 

QUI EN ASSUMERA LA RESPONSABILITÉ ?

 

 

http://blogs.estadao.com.br/radar-politico/2013/06/24/dilma-se-reune-com-prefeitos-e-governadores/

 

 

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