CHOCOLAT LITTÉRAIRE DU PRINTEMPS 2015

 

« C’est la rencontre de la mer et des vagues des collines, l’ouverture de cette baie sur l’âpreté des montagnes, la brume qui noie certains soirs les vallons, où surnage pareil à une île la silhouette obstinée du Château. C’est la mémoire de Nice, toute sa mémoire, faite non pas seulement de dates et d’événements, encore que ceux-ci donnent aux vieux Niçois cette distance ironique par rapport aux aléas du temps, mais de sensations, de réalités, de substances… »
Le Clézio

 

 

 

Dates, événements, sensations, substances,…, voilà ce qui est saisi avec bonheur dans Baie des Songes… le dernier livre de notre Invité à ce Chocolat littéraire du Printemps.

 

 

Affiche réalisée par Thierry Dardanello

 

 

Patrick Mottard est auteur de plusieurs ouvrages et pièces de théâtre :

Fragments de Nice (2006), Cinq de cœur (2010), Sur un air de cithare (2011), 1er Mai Place Maurice Thorez (2014)… et Baie des songes (2015).

 

Sur un spectre plus large que les précédents, son dernier livre de nouvelles nous invite à entrer dans l’univers de l’auteur et à saisir ses sources inspiratrices de prédilection.

Au fil des pages deux de ses passions se suivent et s’entrelacent : l’Histoire et le cinéma. Aidé par sa vaste culture, celle-ci « subjectivée » par son regard sensible et ses mots percutants, l’auteur choisit d’y insuffler de la « vraie vie », sans doute un moyen de les rendre crédibles et entières. Jouant à la fois avec l’humour et la lucidité, avec le fatalisme et le devoir de mémoire, avec la douleur et le rêve, Patrick Mottard va encore plus loin : il ajoute aussi un souffle de magie aux personnages qui nous semblent les plus « réels ». Le « réalisme merveilleux » qui en émerge, genre littéraire si apprécié en Amérique latine, semble avant tout le garant du mystère si cher à notre auteur. Le quotidien est nuancé, transfiguré… et semble offrir à certains personnages une forme ultime de résistance envers le tragique de la vie, envers l’absurde des choix imposés à l’homme, alors que l’envie d’absolu semble son seul moteur.

 

Nous avons pu débattre sur le rôle de la littérature en tant que complément subjectif et affectif des documents historiques officiels, rendus lacunaires par la censure des différentes époques… sur l’imagination, féconde chez notre auteur, peut-être seule capable de rendre le « battement sanguin de chaque seconde » tel qu’il a réellement existé dans les veines de chaque témoin de l’Histoire… sur la fiction, comme moyen d’échapper à l’obligation d’une posture sociale quotidienne… sur l’image, dans ce recueil, de la femme et de l’amour … sur de multiples questionnements soulevés par les pages de ce livre, et parfois à l’insu de son auteur…

 

Sans oublier bien sûr son beau titre.

 

Notre « Baie des anges », car c’est bien elle le lieu privilégiée de la plupart de ces nouvelles, déjà habitée par le mythique, se charge de correspondances poétiques lorsqu’elle se transforme en « Baie des songes ». Une baie qui protège, qui accueille – porté par ses marins – ce « souffle du vaste monde » dont parlait Aragon et qui est si cher à notre  Invité… mais une baie qui par là-même est aussi lieu d’errance, d’énigme… conviant au songe… et à la création, à la transfiguration…

 

Pas étonnant donc que le Brésil trouve également sa place dans ce recueil, tout à fait au goût de notre association culturelle franco-brésilienne… et cela malgré le sort tragique qui y est réservé au Christ Rédempteur du Corcovado ! Aussi bien la revanche des Brésiliens que l’humour qui se dégage de chaque page de la nouvelle « Le Christ Rédempteur de Rauba Capeu », lue par Patrick Mottard au public présent au JAM, nous ont quand-même permis de garder la chaleur amicale des échanges… 🙂

 

 

 

 

 

De la Baie des Songes à la Baie de Guanabara, notre rencontre nous laisse un magnifique souvenir… agrémenté tout particulièrement par les délicieuses verrines de mousse au chocolat confectionnées par Malou… et photographiées par Sofia…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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