L’immigration au Brésil

1. BREFS ASPECTS HISTORIQUES
 

« Inhérente à la vie, la migration est une notion familière. Sa connaissance profonde reste, cependant, bien imparfaite. C’est un phénomène dont l’ampleur semble s’accroître et se généraliser. Rares, très rares même, sont encore, dans l’espèce humaine,
les situations d’isolat. »
 Henriette DAMAS, 1962

 

 

L’immigration a marqué le Brésil du point de vue démographique, économique et culturel. Le terme « immigrant » a été utilisé après 1822, date de l’Indépendance du Brésil, pour désigner les personnes entrées dans ce pays après la période coloniale. Dans son ouvrage A integração dos imigrantes italianos no Brasil, na Argentina e Estados Unidos, Herbert S. Klein, professeur d’Histoire de l’Université de Colombie, estime que le nombre approximatif d’entrées dans le territoire brésilien après 1822 était au début de 30 000 personnes par an, avec les premiers pics en 1880 (100.000 personnes) et en 1891 (211.000 personnes). À partir de 1893, ce nombre a significativement augmenté, en raison de la fin de l’esclavagisme et de l’expansion économique brésilienne liée à la production de café. D’après les recensements brésiliens, de 1872 à 2000 le pays a reçu 6 millions d’immigrants (alors que la population totale du Brésil, pendant la même période, est passée d’un peu moins de 10 millions d’habitants en 1872 à un peu plus de 174 millions en 2000). Selon l’IBGE [1], le cycle migratoire au Brésil comporte les six étapes suivantes:

 

1)      L’occupation initiale par les Indigènes, peuples nomades probablement d’origine asiatique qui ont peuplé le continent Américain.

2)      La Colonisation portugaise, entre 1500 et 1822, qui entraîne l’arrivée des Africains (esclaves).

3)      Le peuplement du sud du pays, d’abord par des Portugais, ensuite par des Allemands (1824) et par des Italiens (1875).

4)      L’immigration d’Italiens, Portugais, Espagnols et Japonais comme main-d’œuvre pour les plantations de café, entre la fin du XIXe  siècle et le début du XXe siècle.

5)      Migration vers les centres urbains d’Italiens, Espagnols, Syriens-Libanais et autres nationalités.

6)      Immigration récente, sans grand impact démographique, depuis le début des années 70.

 

 

 

Concentration des Immigrants dans les différentes villes du Brésil
Source IBGE 2000

 

 

Les mouvements migratoires internes

 

Le dictionnaire Larousse définit le terme migration comme étant un « déplacement volontaire d’individus ou de populations d’un pays vers un autre ou d’une région vers une autre, pour des raisons économiques, politiques ou culturelles. »

La migration interne ou intérieure correspond, selon le géographe brésilien Wagner de Cerqueira, ‘‘au déplacement d’une population dans un même territoire ou pays, d’une région à une autre. Ce déplacement ne change pas le nombre total d’habitants d’un pays. Toutefois, il affecte les régions concernées par ce processus.” Wagner ajoute que le facteur économique est déterminant pour les mouvements migratoires internes, en raison du modèle capitaliste brésilien qui favorise la création d’industries dans le sud, obligeant la population à se déplacer à la recherche de meilleures conditions de vie et d’un travail capables de satisfaire leurs besoins de subsistance.

 

 

Carte des Régions brésiliennes – IBGE 2000

 

 

Le Brésil connaît un taux élevé de migrations internes, surtout du Nord-Est vers le Sud-Est, plus précisément vers São Paulo. Ces déplacements ont débuté avec l’arrivée des étrangers dans le pays, au XIXe siècle. Les Brésiliens qui arrivaient dans le Sud rencontraient les mêmes difficultés que les étrangers, car ils étaient considérés comme inférieurs à ceux du Sud. Ils ont été utilisés en tant que main-d’œuvre  – les retirantes [2]pour l’industrie du café [3].

 

 

Mouvements migratoires entre 1970 et 2000. Source Revista Escola [4]

 

Le Sud-Est continue à recevoir les migrants brésiliens et sa population ne diminue pas. Le Centre-Ouest reçoit aussi plus de migrants qu’il n’en perd. Cette région est actuellement la destinée principale des flux migratoires. Le Sud et le Nord sont les régions dans lesquelles le volume d’entrées et de sorties de migrants est le plus équilibré. La région Nord-Est reçoit de plus en plus de migrants, notamment de la population nordestina [5] qui revient du sud, mais elle reste la région qui perd le plus de population, au bénéfice des autres régions.

 

À suivre : La Législation, les différents types de Visa, l’immigration en chiffres

 

 


[1] IBGE : Institut Brésilien de Géographie et de Statistique

[2] Retirante : habitant de la partie aride du nord-est  qui fuit la sécheresse de sa région.

[4] Source : http://revistaescola.abril.com.br/fundamental-2/mapas-tematicos-avancar-interpretacao-643116.shtml?page=1

[5] Nordestino est le terme utilisé pour désigner une personne issue du nord-est brésilien.

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Ce sujet a été presenté par Luana Paula Sicart, étudiante à l’Université de Nice Sophia Antipolis, France.

 

 

 

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