Je signe mon nom au dos du ciel. Je passe de l’autre côté du ciel

Yves Klein

 Le bleu. Le bleu de la mer méditerranée. Le bleu du ciel, le bleu nuit de l’Amorce du bleu de Yan Kersalé (que l’on peut voir en se baladant sur l’avenue Jean Médecin, une des œuvres accompagnant le tramway niçois, un artiste français qui ne travaille qu’avec la lumière, il utilise cette dernière comme un matériau, c’est lui notamment qui a mis en lumière le port de Nantes. L’œuvre niçoise dont nous parlons est une installation faite de néons bleus qui retranscrit un texte en morse) mais il y a surtout le bleu de Klein qui a été exposé au Mamac de Nice dans une exposition intitulée Klein-Byars-Kapoor jusqu’au samedi 29 septembre 2012.

Le bleu Klein, un bleu d’une couleur bien plus bleue que tous ceux que l’on connaît ; ce bleu, créé par Klein ou plus exactement breveté par lui-même en 1960 sous le nom de International Blue Klein, renvoyait selon lui à la pureté de l’Eden, le bleu du ciel de tout en haut, cette couleur que l’on ne voit pas, un bleu intense dont il peignait tout ce qui l’entourait, objets, branches, toiles et même les femmes qu’il enduisait de peinture durant ces grandes performances dont il était le chef d’orchestre ; ces femmes laissaient des empreintes bleues de sirènes sur de grandes toiles. Des toiles faites par des femmes-pinceaux, des femmes nues qui allaient poser des impressions de leurs corps avec ce bleu breveté. Un bleu qui nous incite à plonger en lui, comme dans une piscine, dès que l’on arrive dans l’exposition, du bleu en pigments est répandu au sol à l’intérieur d’un rectangle, il semble impossible de résister à ce grand rectangle de pigments bleus. Pour Klein le rôle de l’artiste n’est pas de balancer sa propre pollution psychique sur une toile mais au contraire de la recouvrir de ce bleu édénique, une couleur présente partout comme un code génétique caché, les monochromes de Klein sont autant de portes vers l’infini, une fenêtre bleue vers cet autre côté du ciel.

Continuons donc ce voyage chromatique, l’exposition au Mamac de Nice nous proposait une expédition sculpturale dans le blanc avec l’artiste James Lee Bayers qui nous confrontait à des totems contemporains en marbre,

 
mais le plus extraordinaire fût le bouquet final avec l’artiste Anish Kapoor, un artiste Indien qui vit aujourd’hui en Grande Bretagne qui a travaillé sur le reflet, la présence du ciel, permanent, et que l’on ne regarde plus, trop concentré sur l’asphalte de nos villes. Cet artiste positionnait de grands miroirs (sky mirror) dans l’espace urbain, le ciel venant s’y baigner s’incrustait en plein cœur de la ville.
 

Le bleu du ciel et finalement les pigments rouges si chers à cet artiste qui a modelé des formes à même le pigment, des sculptures de couleurs pures, des formes couleurs, des matières peintures et l’on s’y perd comme pour aller de l’autre côté du ciel. Cet artiste, dont les œuvres sont souvent monumentales, réalisait au début de sa carrière des sculptures faites de pigments de préférence rouges :

 
« Le pigment concourt à donner à l’objet un caractère d’invisibilité, à produire une sensation de Gestalt, de tout unifié, pour lequel les notions de devant, de derrière, de côté sont pratiquement inexistantes. » Anish Kapoor.

Ce voyage chromatique pouvait se finir sur le toit du Mamac pour aller voir le vrai ciel, les couleurs du soleil qui à cette époque de l’année commencent à dessiner un fin liseré doré d’automne sur les contours de nos visages.