Dans un article précèdent, j’avais rappelé que le Brésil avait été découvert en 1500, une date facile à se rappeler. Les concurrents européens suivirent de près les Portugais…

Le Brésil est disputé aux Portugais

Ce furent tout d’abord les Français, dirigés par Nicolas Durand de Villegagnon, qui visitèrent la région côtière du Cabo Frio où se cachaient quelques Français proches des Indiens Tamoios. Fort des informations qu’il a recueillies sur les habitudes des colonisateurs portugais, il se décida à fonder une colonie. Il choisit comme site la baie de Guanabara, au bord de laquelle se trouve l’actuelle ville de Rio de Janeiro. Il savait que les Portugais ne s’y aventuraient pas du fait de l’hostilité de la région.

Il s’agissait d’y installer une base navale à partir de laquelle le Royaume de France pourrait développer ses activités commerciales avec les Indes occidentales. Mais il ne put s’y maintenir que deux ans, de 1555 à 1567, car les Portugais réussirent rapidement à l’en chasser. Sur cette affaire racontée de manière romancée, voir le roman Rouge Brésil (2001) de Jean-Christophe Rufin.

Mais le Royaume de France s’obstina et s’installa entre 1612 et 1615 prés de São Luis dans l’actuel État du Maranhão, au nord-est du Brésil. Les Français chassés, sauf de la Guyane où les Français commencent à s’installer en 1624, ce fut au tour des Néerlandais de la Compagnie Néerlandaise des Indes Occidentales de prendre en 1630 aux Portugais les villes de Natal, Recife, et Salvador, du Rio Grande de Norte à Bahia, afin de s’accaparer une partie de la production sucrière. Le nom de Recife devint Mauritsstaad, la ville étant destinée à être la capitale de cette nouvelle colonie néerlandaise.

La population se révolta contre les colonisateurs : l’événement est connu sous le nom d’Insurreição Pernambucana. De plus la Première Guerre anglo-néerlandaise (1652-1654) affaiblit la République des Provinces-Unies qui du rétrocéder ces territoires au Portugal.

Une fois les concurrents écartés, la grande préoccupation de la Couronne portugaise était naturellement de rentabiliser les colonies.

Le bois brésil

Dés le début de la colonisation, le roi Manuel 1^er d’Avis s’était réservé le monopole du bois brésil, dont il adjuge l’exploitation au contratador Fernão de Noronha. En 1503, ce dernier arrive au Brésil avec six petits navires et le commerce du bois brésil s’organise qui va rapporter au Portugal, malgré les attaques des corsaires français, 20 000 quintaux de bois par an.

Puis la production s’accélère avec l’arrivée de Jean III sur le trône de Portugal en 1521 qui confie le Brésil à douze capitaines donataires qui reçoivent chacun une tranche de Brésil de 200 kilomètres de large. Les capitaines donataires perçoivent, conjointement avec le roi, des droits sur les colons et l’obligation de  distribuer des sesmarias, c’est-à-dire des concessions de terre à cultiver.

La coupe du bois était effectuée par les Indiens qui brûlaient le pied des arbres pour les abattre, dépouillaient le tronc de son écorce et le coupaient en morceaux d’un à deux mètres que l’on faisait flotter sur les fleuves. Dans cette forêt tropicale brésilienne, outre le bois brésil, on coupait aussi le jacaranda, sorte de palissandre, l’apehyba, très léger, qui servait à faire les jangadas, radeaux du Nord-Est.

Mais le bois brésil était le bois qui se vendait le mieux en Europe. Il y était râpé, et avec la décoction qu’on en tirait, on teignait ou l’on renforçait la teinture des étoffes. L’exploitation semble avoir été d’un bon rapport pour le contratador, d’autant plus que cela n’allait pas sans de lourdes fraudes.

Mais vers 1540, le bois brésil apparaît déjà comme une ressource trop limitée pour les ambitions brésiliennes des Portugais. Les postes de capitaine donataire ont été créés pour mettre vraiment le pays en valeur et ne pas le laisser s’attarder dans une économie de cueillette. Or, malgré leurs efforts, les donataires se sont heurtés à l’hostilité des Indiens. C’est pour mieux rassembler les forces des donataires que le roi crée, en 1548, un gouverneur général qui s’installe à Bahia. Les donataires conservent leurs concessions et leurs prérogatives, mais deviennent en même temps gouverneurs, dépendant du gouverneur général. Ensemble, ils constituent seize centres portugais actifs.

C’est alors que naît la nouvelle fortune du Brésil : la canne à sucre.