Et le rêve fait la vie…

 

Par Michelle Pereira da Silva

 

 

Il était une fois un gamin qui rêva d’un monde rond… rond comme un ballon de foot…

 

Ce garçon est né dans un quartier de couleur rouge, rouge comme le terrain fait d’un mélange de sable, terre et poussière où il a rencontré pour la première fois l’objet qui allait le faire autant tourner, courir, sauter, rire et pleurer : le ballon.

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce ballon, bien sûr, n’était pas comme celui qu’on voit aujourd’hui, plein de couleurs et de marques, il était plutôt usé, avec de grosses coutures, bien fatigué déjà d’avoir été autant frappé par les gamins du « José Abrão ». Ah oui, pardon, j’ai oublié de vous situer géographiquement : nous sommes  dans la ville de Campo Grande, état du Mato Grosso do Sul (Brésil) ; et « José Abrão », c’est le quartier où ce garçon est né.

Depuis son plus jeune âge, il s’amusait des journées entières avec ses copains sur le terrain de foot, ou dans la rue, ou derrière l’une des maisons, ou même à l’école, peu importait l’endroit…. La seule chose qui comptait, c’était qu’il y ait un ballon…

 

 

 

 

Petit à petit, un rêve prenait forme dans sa tête et dans son cœur, oui oui dans son cœur, car on ne peut pas rêver d’être joueur de football professionnel qu’ avec la tête. Ce rêve passe surtout par le cœur, par les tripes des gamins, par les émotions, par la vibration des ces mouvements, par le désir de gagner et l’euphorie de changer de vie. Mais quand tous les autres garçons rêvent de la même chose (vous savez sans doute que « joueur de foot » est la profession « numéro un» pour les enfants brésiliens), il faut « rêver » plus fort avec la tête… Le gamin en question était malin, très malin… et il a cherché un plan…

 

São Paulo était sa destination, à 1200 km de Campo Grande.

Il savait que pour tenter sa chance dans le foot il fallait viser un grand club. Il n’avait pas tort. En revanche, il n’avait aucune invitation formelle d’un club pauliste, ni personne pour le loger là-bas. Il avait seulement son rêve au cœur et au corps

 

 

C’est ainsi qu’ à l’âge de 13 ans il quitta Campo Grande, en faisant croire à son père que tout était réglé à São Paulo et qu’il fallait partir. Les préparatifs furent rapides, de toute façon il n’avait pas grande chose à amener… Son billet pour le voyage, il a réussi à l’avoir en racontant une histoire sans queue ni tête au service d’aide aux mineurs, qui soi-disant, l’a aidé à rentrer « chez lui » à São Paulo. Tout était prêt ! Avec son petit sac il arriva à la Gare Routière, fier de lui et rempli de détermination.

La certitude que son plan était parfait est tombée par terre au moment où, depuis son siège dans le bus, il a aperçu son père sur la chaussée, qui le regardait fixement… sûrement avec l’esprit un peu ailleurs… Mais dès que le bus s’est mis en route, son Papa n’hésita pas à courir derrière ce qui amenait son fils vers son destin de footballeur. Pour la toute première fois, le gamin s’est posé des questions par rapport à son plan, et les larmes sont venues lui remplir les yeux… elles ont rempli aussi les longues heures du voyage, qui a duré toute la nuit.

 

 

Le lendemain, en arrivant presque à destination, le destin lui réserva une surprise : dans une ville où le bus s’est arrêté pour faire descendre des passagers, un homme un peu âgé y est monté, et, par coïncidence, s’est assis à côté du gamin… qui s’est immédiatement crispé.

Et voilà que ce sympathique Monsieur voulait papoter, et le gamin n’en avait aucune envie : il était en train de rassembler ses idées dans sa tête et de se concentrer sur l’arrivée proche… Mais malgré la mauvaise tête que faisait le gamin, le Monsieur n’arrêtait pas de lui poser des questions, du genre : « – Tu viens d’où ? – Campo Grande. – Es-tu tout seul ? – Mais vous voyez quelqu’un à mes cotés ? – Et tu vas où ? – Ehhh bahhh à São Paulo, quoi !!! – Et tu vas faire quoi à São Paulo ? – Jouer au Foot !!! – Ahh bon ? Et où vas-tu jouer ? …». Silence…. pas de réponse. Après quelques minutes, le sympathique Monsieur, sans la prétention d’être « le sauveur de la situation » a simplement proposé au gamin d’ aller voir au Club de la Portuguesa, dont son frère adoptif était président ! Ce Monsieur, qui s’appelait Capitão Ari, n’imaginait peut-être pas qu’il venait d’empêcher un enfant de devenir comme des millions d’autres, un enfant de la rue. Car, très probablement, ç’aurait été le futur de ce gamin venu de Campo Grande, s’il n’avait pas échangé quelques mots avec ce gentil Monsieur.

Maintenant il avait une adresse où se rendre et un nom à demander, et pas n’importe quel nom… celui du président d’un vrai club !

 

En arrivant devant le siège de l’ Associação Portuguesa de Desportos, il a vu que ça allait être un peu plus difficile qu’il ne le pensait…. Le gardien, à l’entrée du club, était mort de rire en voyant ce gamin tout mouillé qui voulait parler au Président (ah oui, j’ai oublié de signaler que ce jour-là il pleuvait des cordes à São Paulo) et lui dit de s’en aller…

 

Il traversa la rue et attendit quelques minutes, juste le temps d’élaborer un nouveau plan. Bien sûr, il était hors de question d’abandonner maintenant, après tous ces kilomètres, toutes ces larmes versées, toutes ces nuits passées en train de rêver au ballon…. Non, absolument pas question ! Sa nature déterminée prenait de plus en plus forme, et heureusement qu’il a su faire entrer très tôt dans sa vie la détermination, car dans le monde où il s’apprêtait à rentrer, il aurait à en faire preuve à plusieurs reprises !

 

Une idée lui est alors venue, dans un mélange de souvenirs de son quartier, de ses copains, de leurs bêtises d’enfant, de sa malice précoce… Il a vu une pierre, il l’a jetée sur le toit de la guérite où le gardien se protégeait de la pluie… celui-ci sort les yeux grand ouverts pour comprendre l’origine de ce bruit : il eut juste le temps de voir le gamin tout mouillé sautant par-dessus le mur du club… Le garçon était rapide et après quelques instants il avait déjà disparu en direction du bâtiment carré qui se trouvait sur un côté, entre les terrains de foot.

 

Il entra dans le premier bureau qu’il aperçut… Une femme s’est étonnée de voir ce gamin tout mouillé et plein de sable partout (ahh oui, j’ai oublié de vous dire que quand il a sauté le mur, il a atterri dans le sable…).

Il lui dit qu’il voulait voir le président ! La secrétaire, encore plus étonnée, se met à lui expliquer que ce n’était pas possible. Le gamin commence à parler plus fort, dans une confusion de sons, d’angoisse et de détermination. Il  répète sans arrêt qu’il devait voir le Président, qu’il était l’ami de son frère adoptif (oups ! elle n’était pas censée savoir depuis quand cette sincère amitié existait !). En entendant le nom de son frère, le Président qui était en réunion dans la salle voisine, sortit voir qui parlait. Je n’ai pas besoin de détailler son expression, au premier regard jeté sur le gamin et à l’écoute de l’histoire qu’il lui racontait.

 

L’après-midi de son premier jour loin de sa famille, il était déjà logé et nourri. Il allait pouvoir montrer son talent et continuer à entreprendre la réalisation de son rêve : être joueur de football.

 

 

 

 

Depuis son départ, il y a eu des changements de saisons, le gamin a grandi, sa vie a pris des nouvelles routes, de nouveaux clubs, d’autres pierres ont été jetées.

 

 

À l’âge de 19 ans, il se professionnalise. Son rêve premier était réalisé, et d’autres rêves se sont attachés à celui-là : jouer en Europe, avoir une famille et d’autres encore.

 

Le gamin du José Abrão est devenu un athlète confirmé, qui a su rebondir quand il le fallait, qui a appris à vivre sans se perdre dans le monde particulier du foot professionnel, qui a fait vibrer, voir pleurer, tellement de supporters.

 

 

 

 

Dans son parcours, il a passé 8 ans dans les centres de formation, 16 ans dans le monde professionnel, il a intégré 14 clubs dans 7 pays différents.

Paraná Clube

 

 

Bordeaux

Benfica

OGC Nice

 

 

 

Au moment où il a décidé d’arrêter de jouer, il m’a confié qu’il était fier de son parcours. Il avait la sensation d’avoir combattu jusqu’au bout, d’avoir tout fait pour réaliser son rêve, de s’être donné au foot de tout cœur et de tout corps !

 

 

 

 

 

Gamin du José Abrão, Everson

Raconté par son épouse

 

 

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