Conversation avec Célio et Neÿ

 

Regardées à la fois comme noyaux de violence urbaine, comme dérives d’une société trop inégalitaire, comme « curiosités » touristiques brésiliennes, les favelas attirent plus que jamais l’attention des médias. Alors que le Brésil a accueilli le Mondial 2014 et se prépare à organiser les Jeux Olympiques de 2016, le gouvernement multiplie depuis de larges mois les mesures visant la pacification de ces lieux et le détournement des jeunes des favelas du trafic d’armes et de drogues. Action véritable ou masque médiatique ? La politique de « tolérance précaire » que l’État maintient depuis longtemps envers les favelas interdit leur éradication mais empêche également leur régularisation juridique. Comment lutter contre la corruption des uns et des autres, contre la spéculation immobilière que les normes arbitraires ont favorisée ? Quel avenir pour ces espaces urbains « en marge » et pour leurs habitants, qui peinent à être considérés comme des citoyens à part entière ?

 

 

Si le football professionnel constitue une issue pour quelques jeunes des favelas, d’autres actions, culturelles en particulier, sont développées par des Associations dans le but de proposer aux favelados des choix de vie dignes. Aux côtés des Unités de Police Pacificatrices (UPP), qui représentent, pour les habitants, une présence de l’État trop longtemps défaillant, des acteurs sociaux, comme des enseignants et des artistes, tentent de palier à l’échec des gouvernements successifs à remplir leurs devoirs envers ces citoyens marginalisés à tout point de vue.

 

 

Célio de Souza Silva et Sidnei de Souza Azevedo, dit Neÿ, sont des artistes peintres.

Ils sont tous deux nés dans des favelas de Rio de Janeiro, respectivement à Cantagalo et dans la Cidade de Deus [Cité de Dieu].

 

 

Célio Silva

 

 

Neÿ

 

 

C’est dans la favela de Vidigal, qui surplombe la mer et le quartier hyper chic de Leblon, que ces artistes ont commencé par créer un atelier de peinture. Leur succès a été tel qu’ils ont fondé l’école « Couleurs de l’espérance ». Depuis, leurs réalisations ne font que grandir…

 

J’ai le plaisir d’accueillir Neÿ et Célio dans ce site, grâce à Clélia Morali, présidente de l’association Sarava, qui a invité ces jeunes peintres à exposer leurs travaux au Pradet du 9 au 30 mai 2014. Je la remercie de nous avoir donné l’occasion de converser à propos de l’Art, de leur Art. Un art qui est à la fois évasion et forme pacifique de résistance.

 

 

 

Célio et Neÿ, vous qui êtes nés dans des endroits longtemps dits de « non-lieu », comment expliquez-vous votre cheminement vers la peinture… et vers la peinture naïve en particulier ? Qu’aimez-vous peindre particulièrement et pourquoi le choix de vos thèmes ?

 

 

Neÿ : C’est sur les traces de mon frère Edy, qui peignait depuis plus d’un an de l’art naïf, que j’ai commencé à réaliser moi aussi des peintures naïves.

J’aime beaucoup peindre « mon Rio de Janeiro » et tout ce qu’il représente. J’aime aussi utiliser des couleurs dans mes tableaux. Je mets en scène la joie et notamment des scènes de vie dans les favelas. Comme j’en habite une, je sais que la joie y existe. C’est aussi l’un des aspects des favelas.

À partir de mon ressenti à propos des couleurs, je transmets au monde une lecture de la vie dans ces communautés.

 

 

 

 

 

 

Par exemple:

– La couleur blanche pour les vêtements des personnages représente mon espoir de paix pour les favelas.

– Les rayures noires sur les maisons représentent les baraques en bois dans lesquelles j’habitais quand j’étais tout petit, dans la vieille favela de la Marée. C’est une représentation de mes souvenirs d’enfant.

– Lorsque je peins une favela en noir et blanc, je fais allusion à ce qui manque dans les favelas afin que la vie puisse y être vécue en couleur. À mon avis, il s’agit avant tout de l’accès à l’éducation : de bonnes écoles et un véritable enseignement pour les enfants sont nécessaires.

 

 

Célio : Mon rapport avec la peinture est inné, intuitif. Je ne me suis jamais  posé de questions sur le fait de peindre ou pas. En plus je n’avais pas d’argent pour suivre des cours. Tout est parti du bout de mon pinceau pour exprimer ce qu’il y avait autour de moi : mon quotidien dans la favela, les enfants, les femmes, les mulatas qui dansent, la musique, les croyances (les orixás, en particulier), les panoramas magnifiques à perte de vue…  L’inspiration est dans moi.

 

 

 

 

 

 

Lorsque vous étiez enfants, y a-t-il eu une personne ou une structure (école ou association) qui ait repéré vos talents respectifs et vous ait aidés à les affirmer, malgré votre condition initiale de « favelados » ?

 

 

Célio : Un jour à Cantagalo, j’étais en train de «  peindre »  avec un stylo et quelqu’un est passé et a regardé ce que je faisais. Il est resté là et quand mon tableau a été fini il l’a acheté. C’était le peintre naïf Ernani Silva (http://www.artjaz.com/artists/silva/). J’avais dix-sept ans. Il m’a encouragé et invité à travailler à son atelier. Pour moi c’était un signe. Je suis allé peindre dans son atelier pendant trois ans. Nous avons parlé de la possibilité de devenir animateur culturel dans la favela par le biais de la peinture. Ernani est parti vivre à New York, m’a laissé son atelier et ce «  message  ».

 

 

Neÿ : Comme je l’ai dit plus haut, il y a eu mon frère, mais j’avais déjà rencontré Célio en 2007. Tous deux m’ont beaucoup appris. Depuis que j’ai rencontré Célio, nous sommes restés amis et avons travaillé ensemble.

 

 

Venus de lieux géographiques différents dans la très grande ville de Rio, pouvez-vous nous parler un peu de votre rencontre artistique ? Viviez-vous déjà chacun de votre art, à ce moment-là ? Sentiez-vous le besoin de vous engager socialement, de rendre à votre tour aux autres enfants une alternative de vie ?

 

 

Célio : Nous nous sommes rencontrés car nous avons des affinités et un projet commun. Ce désir d’aider les enfants des favelas nous a conduits à cette rencontre. Nous travaillons toujours ensemble… parfois de façon complémentaire.

 

 

Neÿ : Au début, nous avons eu des parcours similaires, mais pas sur les même lieux géographiques. Pendant la journée, je peignais chez moi dans le quartier de Cidade de Deus et le soir j’allais vendre mes tableaux dans un stand du marché nocturne de Copacabana, avec mon frère et mon oncle. Parfois je terminais mes toiles sur place et comme nous amenions les enfants avec nous, car ils étaient un peu désœuvrés, ils ont voulu nous imiter et ils se sont mis à peindre. C’est devenu quelque chose de magique pour eux. J’ai acheté du matériel pour que ces enfants peignent avec moi. Ils étaient passionnés et ne me laissaient peindre tranquillement que lorsqu’ils pouvaient peindre eux aussi. Je n’avais plus le choix. Très vite charmé par la passion de ces enfants, j’ai eu l’idée de créer un atelier de peinture pour eux, dans les favelas. Comme j’y ai grandi, je savais que cet univers souffrait d’un réel manque d’art et de culture.

 

J’ai eu l’idée de cet atelier il y a douze ans. Je savais déjà que l’art pouvait ouvrir de nombreuses… et de bonnes portes. Je voulais aider les enfants dans ce sens et leur transmettre mon expérience. C’était une aventure nouvelle pour moi. Mais je me devais de faire en sorte que d’autres éprouvent ce que j’ai ressenti lorsque j’ai vendu ma première toile.

 

Parfois je croisais Célio sur le marché de Copacabana… Il était dans la même démarche.

 

 

Célio : Copacabana et son «  marché de nuit », c’est un point de contact avec les gens de la zone sud et les touristes susceptibles d’acheter nos tableaux et ceux des enfants. Ce n’est pas facile d’y avoir une place et pour nous c’est un important lieu de rencontres. C’est d’ailleurs là que j’ai fait connaissance avec Clélia, de l’association Sarava, il y a deux ans.

Un jour où je n’avais pas la possibilité de vendre mes toiles, j’ai rencontré un autre peintre qui m’a permis de m’installer avec lui : c’était le frère de Neÿ. Puis je suis parti à New York, invité pour une exposition. Un soir à mon retour, lors d’une fête nocturne à Copacabana, j’ai rencontré Neÿ. Le travail que nous faisions tous les deux avec les enfants a tout de suite créé des affinités entre nous.

 

 

Neÿ : Quand j’ai démarré l’atelier de peinture, sur la terrasse de la maison d’un ami, ce fut quelque chose d’incroyable ! Beaucoup de jeunes et d’enfants ont voulu venir peindre. J’ai toute de suite compris que ça allait prendre des proportions démesurées.

 

 

 

 

Je n’avais pas d’aide financière pour réaliser ce projet et je n’avais jamais imaginé un tel engouement. Alors j’ai eu l’idée de faire participer tout le monde et de demander aux adolescents de s’occuper des enfants.

Au début, cela ressemblait à une crèche. Les parents y déposaient leurs enfants.

Je n’avais l’aide de personne et je ne pouvais pas non plus la demander, ni même aux parents des enfants, toxicomanes pour la plupart. Aucune structure financière non plus. Une seule solution pour faire fonctionner l’atelier : y investir le revenu de la vente de mes tableaux.

J’ai vite compris que je ne pourrais plus arrêter ce projet et que je ne m’en sortirais pas tout seul. C’est là que Célio est venu m’aider.

 

 

 

 

On commençait à parler de mon travail. J’ai alors rencontré un grand homme, Paul Scotto Di Porfirio, un Français, président de l’Arc en Ciel, association française d’aide à l’enfance. Lorsqu’ il a entendu parler de mon initiative et a vu réellement de quoi il s’agissait, il s’est montré très intéressé. Nous nous sommes rencontrés en 1999. C’est en 2008 que notre collaboration a pris forme : nous avons monté un projet et loué une maison. À partir de là, les choses ont pu avancer.

 

 

Comment les jeunes de Vidigal vous ont-ils accueillis, comment les avez-vous séduits ? L’un des thèmes de vos tableaux est celui des favelas elles-mêmes… Selon vous, la couleur, la douceur joyeuse qui se dégage de vos toiles, sont-elles perçues par eux comme une sorte de rêve insaisissable, ou, au contraire, comme un objectif à atteindre pour leur habitat ? Dans des favelas géographiquement moins bien placées que Vidigal, avez-vous connu des adolescents qui se rebellent contre cette forme d’« idéalisation » exprimée dans vos tableaux, qui pour eux n’aurait pas grand-chose à voir avec leur quotidien ?

 

 

Célio : J’ai grandi dans une favela, j’ai toujours été présent auprès des enfants et j’ai toujours senti le besoin d’aider les gens. Quand on a été un enfant dans une favela on connait des difficultés. Avant, personne ne venait de l’extérieur pour aider les gamins qui avaient faim et dont la seule ressource était de vendre de la drogue. Or, lorsque l’on voit des enfants prendre une balle dans la tête, on réagit. Je me suis senti en quelque sorte investi d’une mission en voyant le sort de ces gosses. Même si la vie leur était épargnée, ils avaient pour la plupart des marques de balles sur le corps. Il y avait également d’autres projets d’aide aux enfants grâce à la capoeira.

 

« Vendre de la réflexion, c’est mieux que de vendre de la drogue »
[«  Vender pensamento é melhor que vender droga  »]

 

Ça n’a pas toujours été facile. J’ai tout fait pour leur montrer que ça pouvait fonctionner : peindre et vendre des peintures dans la rue de Copacabana, plutôt que de vendre de la drogue. J’y allais avec eux. Dieu m’a mis dans les lieux où je devais être, dans les lieux de la victoire. Ils se sont vus dans mon miroir. Je ne leur ai rien dit. Ils m’ont suivi, donc je n’ai pas vraiment senti de rejet de leur part. Mais je ne peux pas dire que tout a été facile.

 

 Pour le choix des couleurs vives, on peut dire que ce sont nos couleurs. J’ai mis beaucoup de temps à pouvoir les exprimer dans mes peintures et encore plus de temps à les transmettre. Les enfants commencent à peindre avec des couleurs sombres, il leur faut un moment pour arriver à ces autres couleurs.

 

 

 

 

Selon vous, l’Art que vous défendez peut-il réellement « sauver » les jeunes des tentations du trafic d’armes et de drogue, si présentes dans les favelas ? Y a-t-il un marché à Rio qui constitue réellement un débouché pour les jeunes artistes issus de vos écoles en particulier ?

 

 

Neÿ : Aujourd’hui certains jeunes qui ont fréquenté l’école de peinture sont retombés dans la drogue, mais ce sont des exceptions face au nombre d’enfants qui ont fréquenté nos écoles.

Je continue ma route et j’essaie toujours de sauver ces jeunes et ces enfants grâce à l’art. Je sais qu’ils reviendront vers nous car je crois en eux… et c’est ça le plus important.

 

 

Célio : On ne peut pas parler de marché, on est dans le système « D », mais chaque fois que nous sommes allés vendre dans la rue les enfants ont vendu une toile. Plus qu’un marché, c’est un changement de destinée.

 

 

 

 

Neÿ, Célio, quels sont vos points de vue sur la réhabilitation des favelas ? La croyez-vous possible, au-delà de la « façade » médiatique inhérente au Mondial 2014 et aux Jeux olympiques de 2016 ? Quels progrès vous semblent avoir été vraiment accomplis, dans les favelas qui vous ont vu naître ? 

 

 

Célio : Ce n’est pas uniquement depuis le Mondial que les choses bougent dans les favelas. Cela avait commencé avant, cela fait environ cinq ans. On était arrivé à un point de non-retour. Tout le monde voulait s’en sortir. Il y a eu par ailleurs des aides extérieures.

Il me semble qu’avant tout il faudrait résoudre le problème des armes et de la drogue. Il y avait trop d’armes dans les favelas. Les armes ne sont pourtant pas fabriquées dans les favelas. Des monstres ont été créés et ne peuvent plus être gérés. Il faut y trouver une solution : c’est ce qui me parait le plus urgent.

Il faut ensuite mettre en œuvre des travaux importants. Notre gouvernement y a déjà beaucoup investi. On a maintenant l’accès à l’éducation, ce qui est fondamental.

Pour le reste, les projets et les progrès viennent de l’intérieur même de la favela. Les favelas de la zone sud ont subi des améliorations significatives.

 

 

Neÿ : L’État et le gouvernement fédéral ont fait beaucoup de choses pour améliorer la vie dans les communautés, mais cela de façon superficielle. Le fait d’avoir réussi à instaurer la sécurité dans certaines favelas est quelque chose de très bien, en comparaison avec ce qu’on y connaissait auparavant. Maintenant il faudrait revoir le fonctionnement même de ces favelas, le problème des enfants et de l’éducation. Car l’éducation est la base de tout et sans ça rien ne va. C’est l’un des éléments qui permet à un pays de se développer.

Mais on est sur le bon chemin. Avec la mondialisation et la croissance du Brésil en tant que puissance internationale, les dirigeants vont prendre en charge ce problème.

 

 

Face au développement anarchique des favelas, favorisé par l’émergence de groupes d’intérêts économiques importants (immobiliers, touristiques ou autres), face aux compromis sans doute instables que l’État brésilien doit trouver avec les trafiquants afin de garantir une certaine paix sociale, quelles seraient pour vous les mesures les plus urgentes à prendre pour éviter le schisme complet entre ces espaces urbains et les quartiers dits « civilisés » ?

 

 

Célio : Je parlais des favelas de la Zone Sud, situées dans les plus beaux sites de Rio. Elles deviennent « fréquentables » et sont très convoitées par les promoteurs immobiliers, voire même par des étrangers qui rachètent des maisons et qui ouvrent des hôtels avec des vues panoramiques sur la baie de Rio de Janeiro. Ce qui serait urgent au Brésil c’est de créer un ministère qui s’occuperait spécialement des favelas, car il y a des favelas où la vie est encore très difficile, comme dans la zone nord de Rio.

Les problèmes ne sont pas tous les mêmes dans toutes les favelas de Rio et encore moins dans toutes les favelas du Brésil.

On dirait parfois qu’un maquillage a été fait dans ces favelas qui surplombent les beaux quartiers afin qu’aussi bien les gens riches qui habitent à coté que les touristes puissent vivre mieux.

 

 

Célio et Neÿ, quel rôle peuvent jouer les Français dans la construction d’une vie plus digne et plus juste pour les habitants des favelas ? Qu’attendez-vous concrètement de la France, après votre passage parmi nous ?

 

 

Célio : Dans les favelas que je connais il y a beaucoup de Français et d’autres Européens qui s’investissent et mènent des actions pour aider les populations des favelas. On a l’impression que les Européens respectent les habitants de nos communautés et ont des idées novatrices.

En ce qui me concerne, je peux dire que je n’ai pas trouvé au Brésil l’aide, les supports, la reconnaissance, le respect de mon travail que j’ai pu connaître en France.

 Peut-on dire que nul n’est prophète dans son pays ?

Je continuerai à accomplir mon travail d’aide aux enfants, et j’ai hâte de pouvoir construire encore une école.

 

 

Neÿ : Je suis certain que les Français peuvent aider et aident déjà nos communautés. Il y a de nombreux projets venant d’Europe pour aider les favelas. Mais je pense que les problèmes doivent être réglés de l’intérieur par les dirigeants de notre pays et non pas par les autres pays.

Malgré cela, toute aide est la bienvenue lorsque les personnes sont dans le besoin. Je suis très touché par toutes les aides extérieures que nous recevons. En ce qui concerne la France en particulier, j’ai toujours été passionné par ce pays, avec lequel j’ai un lien fort. J’espère que nous serons toujours aussi bien acceptés, nous et notre travail. Cela me fait énormément plaisir. C’est bien d’avoir cette reconnaissance dans un pays que j’aime !!! Merci à la France et aux Français.

 

 

 

Un grand merci à vous, Célio et Neÿ ! Nous aurons le plaisir de vous rencontrer à Nice, au mois de Septembre prochain, occasion d’admirer vos tableaux et votre action au cœur des favelas.

 

 

Nous vous remercions, Filomena, ainsi que l’association Brasil Azur, de nous avoir accordé ce temps de parole, cet espace sur votre site et cette reconnaissance.

 

 

 

 

 

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