Brésil, terre de «cracks»…ou não ?

 

L’année de la Seleção aura été, comme le Brésil, pleine de contrastes. Une quatrième place en Coupe du Monde aurait symbolisé, pour toute autre nation, un Mondial réussi. Mais pas pour le Brésil. Pas avec la façon dont il s’est déroulée. Le revers historique subi en demi-finale contre l’Allemagne reste et restera dans les têtes, et dans les futures rétrospectives de la Copa 2014. Plein d’ambition en début d’année, le Brésil s’est donc fait submergé par l’émotion (bien légitime) au pire moment. L’Allemagne repartira avec la couronne sur ses terres, mais le Brésil reste toujours la plus grande nation de football de l’histoire. La nouvelle bande à Dunga, qui est revenu aux affaires après l’éviction de Scolari, entend bien renouer avec les victoires et la gloire passées. La Seleção se refait une santé (comme Pelé, on l’espère), tranquillement, mais sans perdre de temps. Pour terminer son excellente série de matchs amicaux post-Mondial, le Brésil vient d’envoyer valser à Vienne l’équipe d’Autriche avant de venir défier la France en mars prochain, pour bien commencer l’année 2015. Une année marquée par la Copa América en juin, où le Brésil a été déversé dans le groupe C en compagnie de la Colombie, l’équipe « sexy » du Mondial (éliminée par le Brésil), du Pérou et du Vénézuela.

 

Les récents succès ont notamment été obtenus grâce à des joueurs qui s’exportent toujours aussi bien, merci pour eux. Les cracks auriverdes continuent de flamber dans les plus grands clubs européens. Au Barça, Neymar (quadruplé contre le Japon en amical) volerait maintenant presque la vedette à Messi et tous les grands clubs européens alignent au moins un brésilien dans leur onze de départ cette saison.

 

Mais le Brasileirão reste un énorme vivier de très bons joueurs, dont certains frappent à la porte de la Seleção. A commencer par les stars du Cruzeiro, club de la ville de Belo Horizonte, qui vient de conserver son titre de champion du Brésil. Les milieux (très) offensifs Everton Ribeiro (meilleur passeur du championnat) et Ricardo Goulart (meilleur buteur) sont désormais sélectionnés régulièrement par Dunga. Dominateurs depuis deux ans, le Cruzeiro a néanmoins manqué le doublé Coupe-Championnat à cause de sa défaite en finale de la Copa face à l’Atlético Mineiro, l’autre club de Belo Horizonte. Une ville, à l’image du pays, décidément pleine de contrastes : si ses clubs dominent le territoire national, la ville n’en reste pas moins le théâtre de l’humiliation face à l’Allemagne (on y revient, pour la dernière fois)… Une déroute qui aura aussi permis à Dunga de remettre tout son petit monde à sa place : «Neymar est le meilleur joueur brésilien, mais on ne peut pas l’appeler crack. Pour être dans la catégorie des cracks, il doit avoir le titre de champion du monde sur ses épaules », a déclaré le nouveau sélectionneur dans une interview pour le magazine Época. Dur pour Neymar de ramener quoi que ce soit sur ses épaules quand on a le dos en bouillie (hello Zuniga !, cf. Brésil-Colombie du Mondial)… on en reparle en 2018 ?

 

P.S. : Une triste mention pour le mythique club de Botafogo (Rio de Janeiro), qui jouera en deuxième division brésilienne la saison prochaine. Confronté à des problèmes financiers et après avoir subi 22 défaites le long de la temporada, c’est seulement la deuxième fois en 110 d’existence que l’ancien club de Garrincha, ou plus récemment Seedorf, quitte l’élite brésilienne.

 

 

Everton Ribeiro et Ricardo Goulart, 2 stars pour le 2e titre consécutif du Cruzeiro