1906 – 1988

Radamés Gnattali fut une figure clé pour comprendre la mince frontière qui existe entre les univers populaires et érudits de la musique brésilienne. Il fut contemporain de compositeurs comme Ernesto Nazareth, Chiquinha Gonzaga, Anacleto de Medeiros et Pixinguinha. Il naquit à Porto Alegre en 1906, il était le fils d’une pianiste et d’un immigré italien. Dès son enfance, il fut imprégné de musique, ses parents étaient amateurs d’opéra italien. Leur 3 enfants porteront des prénoms de personnages d’opéra de Verdi  d’où « Radamés ». Il entra au conservatoire de Porto Alegre où il étudia le piano et la guitare. Dès cette époque, il fréquentait les groupes de musique populaire, dans l’impossibilité d’amener son piano, il apprit à jouer du cavaquinho. Pour gagner sa vie, il jouait dans les cinémas et les bals. Musique : Remexendo (Radamés) (Concert donné au Théâtre Municipal de Rio en 1988)

Radamés en 1924 installation à Rio

Il étudia au Conservatoire de Porto Alegre, puis à l’Ecole Nationale de Musique.

Il termina le cours de piano en 1924 et donna des concerts dans les différentes capitales brésiliennes.

Il a voyagé aussi comme guitariste du  Quarteto Oswald, il commença alors à étudier la composition et l’orchestration.

En 1924, il partit pour Rio, où il interpréta au Théâtre Municipal un concerto de Tchaikovsky.

Il fit alors la connaissance d’Ernesto Nazaré.

Il décida de s’installer définitivement à Rio au début des années 30.

Il commença à se produire comme compositeur en présentant sa « rapsodie brésilienne ».

Comme à cette époque, le métier de concertiste était difficile, il se décida à se convertir à la musique populaire.

Musique : Negaceando – en niant (piano João Carlos Assis Brasil) 

Radamés compositeur et arrangeur

En 1934 il devint orchestrateur dans la maison de disque « Victor »

Puis il commença une carrière de 30 ans à la « Rádio Nacional » comme pianiste, compositeur, arrangeur, utilisant son bagage d’érudit dans la musique populaire.

En 1939 il remplaça Pixinguinha comme arrangeur de la maison de disques Victor. Durant 30 ans, il travailla comme arrangeur à la Rádio Nacional.

Il fut l’auteur de la partie orchestrale du célèbre enregistrement  de la musique de Carinhoso, une composition de Pixinguinha et João de Barro, chantée par Orlando Silva.

Il y créa des arrangements anthologiques comme :

En 1937 « labio que bejei » pour le chanteur Orlando Silva

En 1939 « aquarela do Brasil » d’Ary Barroso une samba exaltation

Musique : aquarela do Brasil (Francisco Alves)

En 1946 « Copacabana » de João de Barro et Alberto Ribeiro, chanson interptétée par Dick Farney.

Dick Farney, de son vrai nom Farnésio Dutra e Silva, né le 14 novembre 1921 à Rio de Janeiro et mort le 4 août 1987, était pianiste, chanteur et compositeur.

Musique : Copacabana (Dick Farney) 

Radamés et le choro

En 1943, il créa « l’Orquestra Brasileira de Radames Gnattali ».

Cet orchestre fut aussi le premier à rendre hommage à des compositeurs de choro comme Ernesto Nazaré, Chiquinha Gonzaga,  Zequinha de Abreu.

En même temps que son travail à la radio, il continua sa carrière de pianiste, concertiste et compositeur.

Flanant à Copacabana est un choro datant de 1958, il est accompagné par Vidal à la basse, Luciano Perrone à la batterie, Zé Menezes guitare et Cavaquinho et Heitor dos Prazeres aux percussions.

Musique : Zanzando em Copacabana

En 1960, il voyagea en Europe en dirigeant un sextete.

Dans les années 60, il fut contacté par la TV Globo où il travailla 11 ans comme arrangeur, compositeur et chef d’orchestre.

Il eut un rôle fondamental dans la redécouverte du choro dans les années 70.

Il aida de jeunes musiciens à se faire connaître : Joel Nascimento, Mauricio Carrilho,  Raphael Rabello.

Ses compositions englobent diverses formes, concerto, pièces de piano, choros.

Musique : os gatinhos no piano

Dans les années 70, Radamés eut une influence importante dans la composition de choros,

Il a encouragé de jeunes instrumentistes comme Raphael Rabello, Joel Nascimento et Mauricio Carrilho,

ainsi que la formation de groupes de choros comme la Camerata Carioca.

Il composa aussi à cette époque des œuvres importantes pour la guitare, l’orchestre, un concerto pour piano et une grande variété de choros.

Il fut le partenaire de Tom Jobim, qui considérait Radamés comme son père musical.

Dans son cercle d’amis, bien sûr Tom Jobim, mais aussi Cartola, Heitor Villa-Lobos, Pixinguinha, Donga, João da Baiana.

Nous allons écouter deux versions d’un des ses choros : Papo de anjo La première, pianistique faisant parti du disque, édité en 1958.

Musique : Papo de anjo

Une deuxième version, instrumentale qui fut intégrée dans le film Brasileirinho

Musique : Papo de anjo

Notons une œuvre très intéressante composée pour le compositeur et interprète de choro Jacob do Bandolim en  février 1964.

Elle a marqué la carrière de Jacob do Bandolim et de la musique brésilienne.

Elle fut postérieurement enregistrée par la Camerata Carioca lors d’un concert en 1979.

La suite en quatre mouvements où Radamés chercha à développer une photographie musicale de quatre compositeurs historiques de choro.

Musiques :

retrato n°1 Pixinguinha (choro) bandolim solo : Pedro Amorim

retrato n°2 Ernesto Nazaré (valse) bandolim solo Marcílio Lopes

retrato n°2 Anacleto de Medeiros (scottisch) bandolim solo Pedro Aragão

retrato n°4 Chiquinha Gonzaga (Corta-Jaca) bandolim solo Joel Nascimento

En 1983, il reçut un prix dans la catégorie musique érudite et on lui rendit hommage avec un concert au Theatro Municipal de Rio de Janeiro par l’orchestre synphonique de Rio de Janeiro. Cette même année, il y eut une série d’évènements d’hommages à Pixinguinha, Radamés et Elizeth Cardoso.

Radamés fut un des maestros les plus sollicités dans cette période, démontrant une jovialité qui enchanta de nouveaux joueurs de choro comme Joel Nascimento, Raphael Rabello et Maurício Carrilho. Une amitié naquit ainsi et généra beaucoup de rencontres et de partenariats.

En 1979 surgit dans la scène musicale instrumentale un ensemble de choro dénommé Camerata Carioca, ayant Radamés comme parrain.

Mais en 1986, Radamés fut atteint d’une hémoragie cérébrale qui lui laissa le côté droit du corps paralysé.

En 1988, il en eut un deuxième, et décéda le 13 février à Rio de Janeiro à l’âge de 86 ans.

En hommage à Radamés : Paulinho da Viola a composé un choro : Sarau para Radamés (soirée, réunion privée).

Extrait du concert  au Théâre Municipal de Rio en novembre 1987, au cavaquinho solo : Paulinho da Viola.

Musique : Sarau para Radamés