Les 111 ans de la naissance de Carlos Drummond de Andrade

 

 

Né le 31 Octobre 1902 à Itabira, dans l’État de Minas Gerais, Carlos Drummond de Andrade s’établit à Rio en 1934 et y décède en 1987.

Pharmacien de formation, il suit cependant une carrière de fonctionnaire.

Son œuvre poétique figure parmi les plus marquantes de l’histoire de la poésie brésilienne.

Derrière ses thèmes récurrents autour du temps, du silence, de l’amour, de l’intangibilité du mystère de la vie, on décèle dans ses pages sa générosité humaine, sa délicatesse empreinte de scepticisme, son angoisse envers la mort, sa douce ironie qui voile à peine sa tristesse.

Moins enclin à la prose qu’à la poésie, Carlos Drummond de Andrade a toutefois écrit aussi des chroniques et des contes qu’il a humblement nommé « Contos de Aprendiz » [« Contes d’apprenti »]. Titre qui ne va pas sans suggérer la naïveté poétique de l’enfance et le tendre et toujours fragile apprentissage de la vie dont ces contes se nourrissent.

 

 

Il me plaît aujourd’hui de m’asseoir à ses côtés, dans une mystérieuse conversation…

Devant la mer, un livre de poèmes sur les genoux, il me parlera peut-être de « cette violence écumante » qu’aime la Poésie… et de sa « double saveur » qui, comme le disait René Char, « écoute aux portes du langage »…

 

 

 Statue de Drummond de Andrade, à Copacabana
– 2013 –

 

 

 

 

J’ai vécu quelques années à Itabira.
Surtout je suis né à Itabira.
C’est pour ça que je suis triste, fier : de fer.
Il y a quatre-vingt-dix pour cent de fer dans les chaussées.
Quatre-vingt pour cent de fer dans les âmes.
Et cette indifférence pour le côté poreux et communicable de la vie.

 

(Extrait du poème « Confidência do Itabirano » [« Confidence d’un enfant d’Itabira »],
traduit du portugais par Max de Carvalho)

 

 

Alguns anos vivi em Itabira.
Principalmente nasci em Itabira.
Por isso sou triste, orgulhoso : de ferro.
Noventa por cento de ferro nas calçadas.
Oitenta por cento de ferro nas almas.
E esse alheamento do que na vida é porosidade e comunicação.

 

 ***

 

Je ne suis qu’un homme.
Un petit homme au bord d’un fleuve.
Je vois les eaux qui coulent et je ne les comprends pas.
Je sais seulement qu’il fait nuit parce qu’on m’appelle de la maison.
J’ai vu que le jour se lève puisque les coqs ont chanté.
Comment pourrais-je te comprendre, Amérique ?
C’est très difficile.

 

Je passe la main dans mes cheveux qui vont blanchir
Mon visage révèle une certaine expérience.
Cette main qui a tant écrit ne sait plus raconter !
Ma bouche l’ignore aussi.
Mes yeux savent – mais ils se taisent.
Amérique, entends mon soupir,
Un doux soupir qui s’exhale dans l’air.

 

Je me souviens de quelques hommes qui m’ont accompagné et ne le
[font plus aujourd’hui.
Inutile de les appeler : le vent, les maladies, le temps qui passe
ont dispersé ces vieux amis dans les petits cimetières de campagne,
derrière les chaînes de montagnes, au sein de la mer.
Ils m’auraient aidé, Amérique, en cet instant
de timide conversation amoureuse.

 

Ah ! à quoi bon parler de montagnes et d’océans !
Je suis si petit (je ne suis qu’un homme)
et je ne connais vraiment que ma terre natale,
deux ou trois bœufs, le chemin de la ferme,
quelques vers que j’ai lu il n’y a pas longtemps, certains visages que j’ai contemplés
Je ne raconte rien sur l’air et l’eau, le minéral et la feuille,
j’ignore presque tout de la nature humaine
et je pense que je ne devrais pas parler de ces choses.

 

Une rue commence à Itabira et elle va finir dans mon cœur.
Par cette rue passent mes parents, mes oncles, la négresse qui m’a élevé.
Et se trouve aussi une école – la mappemonde -, le monde de toutes
[les couleurs.
Je sais qu’il y a des pays violets, des îles blanches, des promontoires bleus.
La terre est plus colorée que ronde, les noms se sont gravés
en jaune, en rouge et en noir sur le fond gris de mon enfance.
Amérique, j’ai souvent voyagé dans tes couleurs.
Je me perdais toujours, il n’était pas facile de revenir.

 

(Extrait du poème « América » [« Amérique »],
traduit du portugais par Max de Carvalho)

 

 

Sou apenas um homem.
Um homem pequenino à beira de um rio.
Vejo as águas que passam e não as compreendo.
Sei apenas que é noite porque me chamam de casa.
Vi que amanheceu porque os galos cantaram.
Como poderia compreender-te, América ?
É muito difícil.

 

Passo a mão na cabeça que vai embranquecer.
O rosto denuncia certa experiência.
A mão escreve tanto, e não sabe contar!
A boca também não sabe.
Os olhos sabem – e calam-se.
Ai, América, só suspirando.
Suspiro brando, que pelos ares vai se exalando.

 

Lembro alguns homens que me acompanharam e hoje não acompanham.
Inútil chamá-los : o vento, as doenças, o simples tempo
dispersaram esses velhos amigos em pequenos cemitérios do interior,
por trás de cordilheiras ou dentro do mar.
Eles me ajudariam, América, neste momento
de tímida conversa de amor.

 

Ah, por que tocar em cordilheiras e oceanos !
Sou tão pequeno (sou apenas um homem)
E verdadeiramente só conheço minha terra natal,
dois ou três bois, o caminho da roça,
alguns versos que li há tempos, alguns rostos que contemplei.
Nada conto do ar e da água, do mineral e da folha,
ignoro profundamente a natureza humana
e acho que não deveria falar nessas coisas.

 

Uma rua começa em Itabira, que vai dar ao meu coração.
Nessa rua passam meus pais, meus tios, a preta que me criou.
Passa também uma escola – o mapa -, o mundo de todas as cores.
Sei que há países roxos, ilhas brancas, promontórios azuis.
A terra é mais colorida do que redonda, os nomes gravam-se
Em amarelo, em vermelho, em preto, no fundo cinza da infância.
América, muitas vezes viajei nas tuas tintas.
Sempre me perdia, não era fácil voltar.

 

 ***

 

Poème « Desejos » [« Souhaits »],
choisi par Liliana Lindenberg en guise d’hommage au poète

 

 

 

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