Commémoration ou remémoration ? That’s the question…

 

« Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles »
Max Frisch

 

 

Jair Bolsonaro, président du Brésil depuis le 1er Janvier 2019 et ancien capitaine chez les parachutistes, n’a jamais caché sa nostalgie de la dictature militaire brésilienne (1964-1985).

Il n’est donc pas surprenant qu’il ait voulu commémorer aujourd’hui, « comme il se doit », le 55e anniversaire du 31 Mars 1964, date à laquelle, sous prétexte d’ « anticommunisme », un coup d’État militaire avait destitué le président João Goulart : ce fut le début de l’une des périodes les plus répressives de l’Histoire du Brésil (voir notre article sur ce site « 1964-1985 : La dictature militaire au Brésil »)

 

La juge de Brasília, Ivani Silva da Luz, a interdit vendredi dernier cette commémoration, ne l’estimant pas « compatible avec le processus de reconstruction démocratique » promue par la Constitution de 1988.

Une juge d’une cour d’appel brésilienne, Maria do Carmo Cardoso, a annulé hier cette décision.

 

Face à la polémique, Bolsonaro s’est pressé d’avancer qu’il ne s’agissait pas de « com-mémorer » cet événement historique, mais de le « re-mémorer ».

La « vérité » ne tient donc qu’à deux ou trois petites lettres, bien maniées au gré des circonstances…

 

C’est sans doute ce jeu « innocent » qui justifie d’autres propos récents du président du Brésil visant à une « réinterprétation » de la dictature : « ré-interprétation » qui, selon l’historien Boris Fausto, professeur du département de Sciences politiques de l’Université de São Paulo, s’inscrit dans du « négationnisme ».

La censure, les persécutions multiples menant souvent à l’exil, la torture et la violence contre les libertés individuelles pratiquées pendant la dictature sont des faits amplement établis par des documents scientifiques. La tentative de révisionnisme amorcée par Jair Bolsonaro et les siens est déjà en elle-même un outrage à la mémoire des innombrables victimes de ces années de plomb.

 

Quelques petites lettres insidieusement manipulées (c)ouvrent parfois les textes des Actes institutionnels les plus abjects…

 

Moment de rejoindre ces 48 voix unies autour de l’artiste bahianaise Josyara… et leur promesse de résistance contre l’oppression…

Que notre silence ne signe pas l’hypocrisie criante de l’indifférence.

 

 

« Engenho da dor – 48 vozes pela democracia »

 

 

 

 

Quelques articles  sur le sujet :

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/03/29/bresil-une-juge-interdit-la-commemoration-du-coup-d-etat-militaire-de-1964-voulue-par-bolsonaro_5443422_3210.html

https://apublica.org/2019/03/boris-fausto-sobre-o-golpe-de-64-e-impossivel-negar-os-fatos/

https://www1.folha.uol.com.br/fsp/opiniao/fz0204200410.htm

 

 

Photo à la une :

Militares em celebração do golpe de 64 em São Paulo, na quinta-feira passada.
[Un régiment de São Paulo célébrant jeudi dernier le putsch de 1964]
© ANDRE PENNER AP

 

 

 

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