Un Brésil en Or

 

Après le bois, exploité dés la découverte du Brésil et le sucre dont la production se développe dès le XVIe siècle, vint, au tout début du XVIIIe siècle, le temps de l’or.

 

 

Le Brésil a eu un Espagnol pour roi de 1580 à 1640, lorsque les royaumes d’Espagne et de Portugal furent réunis, ce qui provoqua de nouvelles attaques contre le nord du Brésil de la part des Hollandais. Lorsqu’ils quittèrent Bahia et Pernambouc en 1654, on aurait pu croire que l’économie sucrière repartirait rapidement, mais elle se trouva face à une nouvelle concurrence, celle de la production sucrière antillaise qui la mit en difficulté jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

Au moment où la crise de production finissait par être surmontée, des bandeirantes paulistes découvrirent vers 1700 les champs d’or du Minas Gerais. Une nouvelle étape de l’histoire du Brésil commençait, puisque, pendant un demi-siècle, le Brésil allait devenir la fabrique de monnaie de l’Europe, l’Eldorado légendaire enfin découvert.

 

Qui étaient ces bandeirantes, ces hommes qui suivent un drapeau (bandeira) ? C’étaient des hommes de terrain qui pénétraient à l’intérieur du Brésil à la recherche de minerais ou d’indigènes à réduire en esclavage. Leur surnom de paulistes résulte de ce qu’ils venaient principalement de São Paulo, État qui s’étendait à tout le sud du pays, jusqu’à ce que soient créés les quatre États du sud, Paraná, Roraima, Santa Catarina et Rio Grande do Sul.

Un beau jour, juste avant 1700, dans une vallée de Minas Gerais qui était alors une région sans hommes, sans villes et sans chemins, un petit groupe de bandeirantes paulistes partit à cheval et à mulet de Taubate vers les collines traversées par le petit Rio de Velhas. De manière inattendue, l’un d’eux découvrit dans le sable les premiers grains flottants qu’il rapporta dans une bouteille à Rio de Janeiro.

 

Cela suffit pour provoquer une migration sauvage. Une activité fébrile s’empara brusquement de ce pays tranquille. Les chercheurs achetèrent des esclaves à prix d’or, c’est le cas de l’écrire, provoquant une pénurie de main-d’œuvre dans les plantations de canne de la côte.

Pour récupérer l’or, les esclaves s’installaient près du lit des rivières ou dans leur lit. Ils y creusaient un puits carré, la cata, jusqu’au cascalho qui constituait la couche de gravier où l’or pouvait se trouver. Puis ils concassaient le gravier qu’ils passaient au tamis afin de ne conserver que les pépites d’or.

Puis arriva un gouverneur portugais suivi de soldats et de dragons, qui représentait les droits de la Couronne. Il était venu récupérer le droit du cinquième sur la production d’or, le quinto, qui revenait au Roi. On établit une « monnaie » où tout l’or découvert devait être apporté pour être fondu afin qu’un contrôle précis puisse s’établir.

De vastes villes se développèrent dans la petite région minière, Villa Rica, Villa Real et Villa Albuquerque, Sabará, célèbres pour leurs églises baroques, Congonhas do Campo où l’on retrouve les sculptures du génial Aleijadinho, faites de huttes et de maisons de boue hâtivement construites. Elles rassemblaient cent mille personnes, plus que n’importe quelle ville américaine à cette époque, y compris New York !

 

Des gisements furent aussi exploités dans le Mato Grosso, le Goiás et dans la capitainerie de Bahia. Puis, en 1729, au nord de Vila Rica, on découvrit des gisements de diamant autour desquels émergea une nouvelle ville naturellement baptisée Diamantina, dont la production était si abondante qu’elle fit baisser la valeur mondiale du diamant de soixante-quinze pour cent !

 

Des routes muletières se créèrent autour de Vila Rica, la route de São Paulo, et les routes de Rio et de Bahia, au-delà du Rio Grande. Le Minas vida de sa population le reste du Brésil, aspira les immigrants portugais et fit passer le nombre d’esclaves africains de cinq cent mille à trois millions et demi. On releva dans la capitainerie de Minas le nombre considérable de 320 000 habitants en 1776.

 

Dans le Minas se créa une nouvelle économie qui nécessitait moins de capitaux tout en générant de gros profits, bien plus rentable que l’économie sucrière, une économie également ouverte à une masse plus importante d’immigrants. Le produit obtenu, l’or, qui augmentait considérablement la circulation monétaire, fit passer le Brésil d’une économie à demi fermée à une économie ouverte. Les vieux marchés de la côte brésilienne devinrent des marchés de ravitaillement pour le Minas.

 

Mais vers 1760, la production de l’or baissa. Les mines s’épuisèrent. Seul le diamant continua à arriver en quantités importantes sur les marchés. Les villes minières s’étaient dotées de claires et hautes églises, richement ornées de tableaux et de sculptures. Le paysage, lui, n’avait pas changé, avec son fleuve se frayant un chemin par les vallées étroites, ramenant toujours sur les rives les cailloux et le sable qu’il entraîne dans son cours, mais ce n’était plus que du sable sans valeur. L’or du Rio das Velhas était désormais épuisé.

D’une économie minière dominante, le Brésil revint à une économie essentiellement agricole. La canne à sucre reprit de l’importance. Les guerres de la Révolution et de l’Empire, en gênant les exportations antillaises, favorisèrent le Brésil. Le tabac, qui était la culture la plus importante après la canne, se développa, surtout à Bahia. Le coton et l’indigo, les cultures vivrières, maïs, haricot, riz, se partagèrent le reste des surfaces cultivées. Partout, mais surtout dans le Sud, l’élevage fournissait à la fois la viande, le lait et aussi les animaux de trait, en particulier le mulet qui a permis de dominer l’espace continental brésilien. En même temps se développa une production de coton et de cacao en Amazonie.

 

 

Puis vint le temps de la Révolution en Europe et bientôt de l’indépendance du Brésil qui allait contribuer au développement de la production du café. Avec lui, un nouveau cycle économique s’amorçait…